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Critique de dvall


On ne soupçonne pas voyager autant sur le globe et dans l'Histoire en ouvrant naïvement un si petit recueil de contes. On pense plonger dans une suite de contes traditionnels japonais, et on se retrouve aspiré en Chine sous la dynastie des Tang ou plus loin encore dans le passé à l'époque des Royaumes combattants, en Assyrie dans la bibliothèque du roi Assurbanipal, dans l'Égypte envahie par Cambyse roi de Perse, dans un petit village lacustre des Scythes, ou au coeur des îles de Micronésie. Cette collection syncrétique de huit contes originaux, façonnés par la plume habile et érudite de Nakajima Atsushi, s'inspire des Classiques chinois et des Humanités gréco-latines, puise dans les références pascaliennes comme dans l'expérience personnelle de l'auteur parmi le peuple des îles, avec une aisance et une simplicité admirables.

On y rencontre des poètes maudits, l'un métamorphosé en tigre et l'autre comme possédé par l'âme de son frère défunt, un officier perse chargé de retrouver la momie du roi Amasis, un savant assyrien enquêtant sur un mal étrange transmis par les lettres, un homme-buffle aux deux visages, un maître du tir à l'arc en quête de l'ultime perfection de son art, un homme rompu à la servitude et devenant seigneur en rêve, ou un vieil îlien à la personnalité ambivalente. le fantastique s'immisce dans nombre de ces histoires, par petites touches presque lovecraftiennes, mais ce sont toutes ces références érudites qui insufflent leur âme à ces histoires parées d'une élégante philosophie.

« La parole suprême rompt avec la parole, le tir suprême ne tire pas. » Nul doute que Nakajima Atsushi parvient en si peu de mots à toucher sa cible. le titre de ce recueil est celui du premier conte, certainement le plus connu de l'auteur et originellement intitulé Sangetsuki (山月記), Monts et Lune. Ce poète changé en tigre est « un rêveur délicat (…) qui découvre que la réalité est aussi incertaine, et demeure aussi incompréhensible, qu'un songe où l'on se dit : il me semble que je rêve. » Cette phrase résume bien, je trouve, tout l'esprit de ces contes.
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