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Critique de Arimbo


Un classique du roman dystopique, dans la lignée de Nous de Zamiatine, ou de 1984 d'Orwell.
Je n'avais ni lu le livre, ni vu le film de Schöndorff, ou la remarquable série télévisée.
Mieux vaut tard que jamais, me direz-vous, sauf qu'il y a eu sur Babelio des centaines de critiques, et beaucoup d'excellentes ( je suis toujours émerveillé par la pertinence, l'acuité et l'exhaustivité des babeliotes), et donc il est peut-être présomptueux d'y ajouter ce petit billet. En tout cas, il rejoindra tous les commentaires élogieux à l'égard de ce livre.

Dans un futur pas si éloigné, aux États-Unis, une dictature fondée sur des principes religieux rigoristes a pris le pouvoir d'un nouvel Etat dénommé Gilead. Des hommes la gouvernent, d'autres hommes sont aussi les exécutants terribles et meurtriers des décisions prises notamment par des femmes, les Tantes, qui appliquent une politique qui vise à dépouiller les autres femmes de leur autonomie: pas de possibilité de travailler, d'avoir un compte en banque, et même de lire, et l'obligation d'être soumises à Dieu mais surtout aux hommes de pouvoir. Ce régime politique se caractérise aussi par sa cruauté envers celles et parfois ceux qui dérivent de la norme.

Parmi la population des femmes, celle des servantes écarlates, femmes ayant déjà fait preuve de leur fécondité, a été sélectionnée pour servir de reproductrice au bénéfice de couples de pouvoir, ceux nommés comme formés d'un Commandant et de son Épouse qui ne peut avoir d'enfant.
Cette gestation pour autrui a été décidée suite à une baisse importante de la natalité dans Gilead.

La narration tout entière se présente comme le journal de bord de Kate devenue Defred (autrement dit appartenant à Fred), de sa vie quasiment au jour le jour, et de ses souvenirs heureux du « monde d'avant ». Cette approche du récit le rend incroyablement prenant, souvent angoissant, mais aussi plein d'ironie et de dérision, car Defred est « libre dans sa tête », et nous livre une critique à la fois nuancée et sans pitié de ce monde totalitaire. Et ceci jusqu'à la fin de son récit et qu'un épilogue plein de malice nous indique quelle fut la suite probable de l'histoire. Je n'en dis pas plus pour ne pas dévoiler la trame et la fin, il est vrai que beaucoup de lectrices et de lecteurs la connaissent.

Et, comme c'est souvent le cas pour les dystopies, la réalité a malheureusement rejoint la fiction, que ce soit avec le régime des Talibans en Afghanistan, ou celui de l'Etat Islamique au Moyen-Orient. Au nom d'une religion, ici la religion musulmane, les femmes sont interdites d'éducation, du monde du travail, toute transgression est punie jusqu'à la mort, souvenons nous de ces images insoutenables de femmes lapidées en public à Kaboul.
Et puis en ces heures où la Cour suprême de la première puissance mondiale s'apprête à rejeter le droit à l'avortement, ce livre qui contient en creux un plaidoyer puissant pour la liberté des femmes, nous rappelle que le pire est toujours possible, même dans nos démocraties, et que le combat pour l'égalité homme-femme est toujours d''actualité.
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