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Critique de Kate75


J'avais déjà croisé le recueil de Nouvelles de Sophie Aubard publié sur monBestSeller.com et notamment "Coup de main" qui lui a valu le 4ème Prix des Nouvelles 2016. Avec ce premier roman, elle franchit le seuil des librairies et transforme son essai.
Pas de deux, ce n'est pas une histoire de pointes et d'entrechats, c'est celle d'un patrimoine génétique et d'une intimité psychique. Depuis la mythologie, la gémellité intrigue toujours et fascine parfois. Romus et Romulus, les DuponT et DuponD, Igor et Grichka, Luke et Leia...réels ou imaginaires, les jumeaux suscitent curiosité et intérêt. C'est dans leur monde à la fois hermétique et subtil que l'auteure nous entraîne.
Dans une logique de reconstruction après l'accident d'avion qui les a amputées de leurs parents, Manon et Solyne vivent ensemble et en miroir. Malgré leurs gènes identiques, elles cultivent leurs différences et se mordillent les mollets. L'une est expansive, vivante et fantaisiste, l'autre est uniforme, formaliste et dépendante. Pendant que Manon gloutonne son existence, Solyne la goûte du bout des lèvres. Leurs personnalités opposées n'en sont pas moins complémentaires. Jumelles un jour, jumelles pour toujours...elles sont constituées l'une et l'autre de deux moitiés définitivement indissociables.
Cette fusion inextinguible des coeurs et des esprits est traité avec dextérité, tout comme le thème du deuil. Refuser la mort, c'est refuser de se priver de la voix de ceux qu'on aime, de leur visage, de leurs soupirs, de leurs rires, de leur odeur, de leur tout. C'est refuser de faire son travail de deuil. L'auteure se joue de la fatalité et son message est clair. A chacun sa thérapie pour s'assurer que la mort n'éteigne jamais l'amour et personne n'est à blâmer dans son choix pour tenter de supporter la douleur.
Dans ce roman, aux côtés des personnages secondaires qui contribuent à l'intrigue, on croise les "petites gens" de notre quotidien qui donnent une valeur pratique au récit. le style est sans fioriture, direct et efficace. Il faut se laisser porter au fil de l'eau, et emporter par le dénouement.
Une agréable lecture, fraîche et tonique où humanité et commisération côtoient en permanence les profondes meurtrissures.
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