Citations sur 40 ans dans les cités (24)
Dans l'espace de la République, on peut aller partout ; c'est d'ailleurs un droit protégé par la constitution ! Partout..., Sauf dans l'une des enclaves de ces," cites interdites" qui dessinent sur la carte de France comme un archipel.
Partout, les mêmes ingrédients produisaient les mêmes causes : un quartier livré à lui-même, en "exil", comme disent les sociologues, des jeunes d'origine nord-africaine rétifs à toute forme d'autorité, une frange délinquante qui avait déjà connu les arrestations, voire la prison, et tenait les policiers pour des salauds, voire des racistes, des autorités publiques dépassées et un discours inaudible. p 104
Il reste à convaincre, comme cela fut toujours le cas à la veille des grands combats, les tièdes, les indécis, les "idiots utiles" et les futurs " résistants de la dernière heure" .
" La violence est devenue une valeur suprême qui permet au jeune de s'imposer à l'autre, dans un monde où celui qui est gentil n'est plus crédible, me dit-il ( Monseigneur Dubost diocèse d'Évry).Le manque de socialisation et l'ignorance laissent béante la porte ouverte à la propagande ; ceux qui vont dans les lieux religieux ne posent pas de problème, c'est ceux qui n'y vont pas qui en posent. Il n'existe plus de représentation politique pouvant porter la parole de cette frange de la population qui pense que le système est pourri"
Ces garçons avaient grandi dans un monde dépourvu de pères. En France,ils se confrontaient a une figure de l'autorité a laquelle ils n'étaient pas préparés. Ils resteraient rétifs à toute forme d'obéissance, refusant même de se conformer aux codes sociaux d'un pays où ils n'avaient pas choisi de vivre.
L'immobilisme des couches populaires tient davantage au besoin de conserver un univers de solidarité, à la fois familial et local, qu'à la peur de perdre son adresse. Et ce comportement vaut, qu'elles que soient les origines.
Aujourd'hui encore, les mères isolées sont deux fois plus nombreuses dans le logement social que dans le reste de l'habitat. C'est un phénomène dont on parle rarement, mais qui explique sans doute, sous l'effet du nombre, les difficultés cumulées que rencontrent les gamins des cités.
Mais "la grande maison" à laquelle j'appartiens depuis trente ans, se montre peu portée sur les travaux d'études. Elle préfère, par culture , l'action à la prospective. Les crédits de recherche ont disparu en conséquence avec, avec les centres qui les finançaient. Et elle se prive ainsi d'une appréhension de l'avenir qui lui serait pourtant utile. A la place, elle fait de la statistique, qui encombre les services de la police et qui, le plus souvent, ne fait que confirmer ce que tout le monde sait déjà.
Le cercle vicieux de la dégradation était bien engagé. Le processus est bien connu : la délinquance fait fuir les classes moyennes. Les entreprises ferment. Le chômage augmente et alimente la délinquance.
Cette incapacité à conserver les morts fut l'une des causes des défauts d'intégration des populations musulmanes en France.