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Critique de MrAZ


MrAZ
21 février 2022
C'est l'histoire d'une famille.
Mudd, la mère, est énorme.
225 kg.
Depuis 3 ans , en prévision de sa mort prochaine, elle se goinfre quotidiennement de douze Whoppers bien gras de chez Burger King. En effet, Mudd fait partie du peuple cannibalo-américain (en voie d'extinction) et sa famille devra procéder au cérémonial des Victuailles, dès qu'elle aura passé l'arme à gauche.
Les Victuailles, comme le veut la tradition funéraire cannibale, consistent en 4 étapes de base : le Drainage (du sang), la Purge (des organes), la Répartition (du corps) et la Consommation (de la viande). Après la mort, les Cannibales ont deux heures pour Drainer le sang du corps, suivies de 24 heures pendant lesquelles ce dernier doit être être Consommé. Merde.
Parmi les treize enfants de Mudd, certains l'aimaient profondément et d'autres la détestaient. Ce sur quoi ils doivent se mettre d'accord, c'est ce qu'ils vont faire d'elle. Vont-ils la manger ou l'enterrer ?

Prendre la voie du repli identitaire ou celle de l'assimilation, telle est la question que nous pose Shalom Auslander. Ainsi, dans ce roman corrosif, on évoque des personnes qui se définissent comme Afro-Américano-féministe-progressiste-démocrate-baptiste-dominatrice, ou bien même comme nymphomane-Américano-militariste-orthodoxe-néo-conservatrice-juive, etc., etc.

L'auteur ridiculise et fustige l'importance attribuée aux préceptes des Anciens et aux religions plurimillénaires, comme le démontrent ces quelques lignes que je cite :
« Je n'ai jamais compris la fascination des hommes pour la tradition, dit Zéro. On ne sait quel crétin portait jadis tel chapeau ou mangeait tel plat ou faisait telle guerre ou mourait sur telle croix. Alors ? Alors, on porte le chapeau qu'il portait et on mange le plat qu'il mangeait et on arbore une petite croix autour du cou sans réfléchir une seconde au fait que ces anciens que nous imitons n'avaient pas la plus petite idée de la marche du monde. Un enfant de sept ans en sait davantage aujourd'hui que ces anciens. »

Je rajouterais que, tout comme les can-am (cannibalo-américains), les catholiques mangent le corps du Christ et boivent son sang, par le biais magique de la transsubstantiation. Quelle drôle de coutume que de communier avec son Dieu en le mangeant ! Philip.K.Dick, en son temps, dans une nouvelle intitulée « Le cas Rautavaara », s'était frotté à cette problématique.

Je remercie bien sûr Babelio et les Éditions BELFOND pour cet excellent livre (et savoureusement iconoclaste) qu'ils m'ont offert.
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