je ne suis qu'une enfant sans fin qui éteint un à un ses bûchers
lucides que tout étonne
qui ouvre et ferme ses paupières sur le seul lieu d'où vient la
caresse
la déraison des hommes est un cheval au galop lancé sur son propre enclos pour différer la sentence et anticiper les
printemps
j'ai bu trop de peines qui n'étaient pas à moi
comment expliquer aujourd'hui que j'ai encore soif de tout ce qui vit
vois-tu j'ai toujours pensé l'herbe comme une écriture qui frisonne
dans mon corps total j'entretiens une maladie d'enfance toute
sage à me mettre en quarantaine le temps d'apprendre l'espace
De toute une vie à conter ce qui compte
si on savait à l'avance la forme que prendront les nuages dans
l'ouvrage compliqué dont on est le locataire illusoire il nous
viendrait des ailes et nous serions cette mouette courroucée dans
un repli du temps qui sait que la joie pure de l'instant ne fertilise
pas la mémoire
C'est un espace entrebâillé qui va d'un cœur comblé à un cœur sans feinte
la poésie est une parole d'échappée au plus près de soi
comme d'habitude je ne sais rien d'autre que les mots bleus que
je puise à l'encre de tes yeux pour me faire la vie en rose
toi qui sait que le poème juste est un don et une appartenance
et qu'il doit demeurer sourire qui va vers un sourire
sous peine de s'envelopper de froide absence.