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Critique de horline


"La vie lente des hommes" est avant tout un roman sur les femmes, la lente acquisition de la liberté pour celles qui subissent un mari possessif ou la solitude. Pour Bussy c'est la découverte de l'indépendance, de la parole, de sa parole le jour où elle décide de visiter sans son mari la tombe de son père décédé loin d'elle. Pour sa fille Esther, témoin de cette vie effacée et entravée par un homme, qui revendiquait à contre-courant une farouche indépendance au point de s'enfermer dans la solitude d'un chenil en pleine campagne, c'est le départ de la part restante d'humanité dans sa vie, et certainement le poids de la solitude qui conduit cette femme alors âgée de cinquante ans à abandonner cette vie sans âme, sans paroles en retournant en ville.

La parole est véritablement le noeud du drame de ce roman où les êtres sont cadenassés soit par la parole de l'autre, soit par le silence de ceux qui devraient parler et extirper le secret de cette famille né de la guerre. Ils sont quelque peu prisonniers des mots qu'ils ne confient jamais aux autres et qu'ils taisent à eux-mêmes…
Il ne faut pas compter sur l'auteur pour faire éclater ce secret, il y a comme une certaine complicité de l'auteur avec ses personnages : elle ne dit rien ou presque rien. Des phrases courtes qui suggèrent les émotions et retiennent les mots, des évènements d'une vie qui se chevauchent et s'entrecoupent excluant toute nostalgie …. L'auteur effleure les choses du bout des doigts, c'est fugace, évocateur, le lecteur n'est jamais englué dans la narration. Au contraire, il doit faire l'effort de deviner le fil conducteur de ces personnages liés par le silence puisqu'ils ne parviennent pas à laisser échapper les mots des lèvres. C'est certainement ce qui fait le charme mystérieux de ce roman qui résonne de tout ce que n'y est pas dit.
Sans compter qu'il y a comme une mise en scène derrière chaque phrase, une obsession du mot juste et du minimalisme pour condenser l'essence du récit.
Sylvie Aymard a véritablement une écriture singulière, les évènements défilent très vite alors que la vie de ses personnages s'empêtre dans une certaine langueur et dans l'ennui. Ce sont des vies au ralenti qui, pour les amateurs d'intrigues bien ficelées, sont susceptibles de laisser un sentiment d'inachevé.
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