Citations sur L'Enfer aussi a son orchestre. La musique dans les ca.. (4)
Avant qu'on ne la condamne à nous divertir, la musique nous guérissait. Avant
qu'on nous l'injecte par les écouteurs sans qu'elle ne passe par l'air- ce qui est
normalement sa nature, ce vol de là d'où elle part jusqu'au labyrinthe de notre
tympan-, la musique était magique.
La berceuse est l'ultime survivance de ce temps où la musique était encore
de la sorcellerie, où la musique guérissait. La berceuse a son heure. La
berceuse est entre celui qui la chante et celui qui s'endort sous le frôlement
de son vent léger. (p.73)
Simon Laks est violoniste mais compositeur également, et il avait obtenu par miracle- la chance est toujours un miracle ici- ce poste d'instrumentiste au sein de l'orchestre. Mais si son talent au violon est à l'origine de sa situation, ses dons d'écriture lui avaient valu de surcroît d'être nommé copiste. Ainsi tous les jours, pendant des heures, attablé, il arrange, harmonise ou recompose, au gré des demandes, besoins, caprices ou humeurs des autorités du camp. Car les nazis prétendent aimer la musique. et tout le monde croit qu'ils l'aiment, alors que la musique n'est qu'une conquête de plus pour les nazis. Les nazis n'aiment pas la musique, ce n'est pas vrai, les nazis la -colonisent-, c'est tout. (p; 23)
- Orphelines polonaises-
les nazis avaient interdit Chopin, que l'on jouait dans les camps. La proximité de la mort donne des libertés. Schumann avait dit, à propos des musiques de Chopin, que c'étaient "des canons cachés sous des fleurs" au service de la Pologne libre. "En Pologne, c'est-à-dire nulle part", pensaient les nazis. S'encanailler avec Chopin était sans danger.
Le sublime et l'horreur. Une même musique pour l'enfer et le paradis, pour vivre et pour mourir. Mais on est en droit de penser que l'oreille du bourreau n'est pas la même que celle de la victime. (p.128)
Les étincelles intraduisibles
Simon Laks : "Quand un SS écoute de la musique, surtout une musique qu'il
aime particulièrement, curieusement, il commence alors à ressembler à
un être humain" (p.110)