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Critique de SophieChalandre


Ce roman, d'abord édité sous forme de feuilletons, puis passé quasi inaperçu lors de sa publication en 1916, prend une ampleur éditoriale inattendue dès 1925 pour être traduit en plusieurs langues et contribuer à la renommée de l'auteur.
Mariano Azuela saisit dans ce livre la révolution mexicaine au moment de sa plus grande confusion, quand les différentes factions qui ont mis fin à la dictature de Porfirio Diaz entrent en lutte les unes contre les autres. D'où le ton désenchanté de l'auteur.

Ceux d'en bas est le point de départ du genre "roman de la révolution mexicaine", avec une écriture romanesque réaliste traditionnelle, élégante et fluide, celle d'un auteur nourri de littérature française du 19ème siècle et admirateur de Zola, mais aussi imprégnée d'un souffle épique : laconisme percutant des dialogues, apports sensuels de la langue populaire mexicaine, grande concision des scènes de violence, belle richesse des métaphores proposant une vision fataliste de la condition humaine, stature mythique du personnage central, nature grandiose en opposition à la vanité humaine, contribuent à une vision sans illusion de l'auteur sur le destin de cette révolution. Ceux d'en bas influencera durablement les oeuvres et films qui par la suite aborderont le même thème.
Si la fresque des personnages de ce roman est sans concession et montre chez les protagonistes une dérive ultra violente plus proche du grand banditisme que d'une troupe d'insurgés, il y a dans chez l'auteur un attachement profond pour ceux d'en bas et une compréhension intime de leur lutte désespérée.

Lui-même ancien médecin militaire dans les troupes ralliées à Pancho Villa, Mariano Azuela met à profit son expérience vécue de la Révolution mexicaine pour analyser avec lucidité et minutie dans Ceux d'en bas une insurrection anarchique, idéologiquement très hétérogène, également extrêmement violente, désorganisée parce que largement spontanée et contre laquelle la répression sera cent fois plus féroce.
Ce que Mariano Azuela, derrière sa vision souvent acerbe, laisse transparaître de cette insurrection populaire, c'est finalement son humanité : peu importe le fracas des défaites et la trahison des idéaux, car cette révolution, ceux d'en bas ont osé la faire.
Lien : https://tandisquemoiquatrenu..
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