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Critique de Andarta


Avant toute chose, je remercie Babelio et la maison d'édition de Chèvrefeuille étoilée pour cet exemplaire des « Ailes brûlées ».
Basé sur le destin tragique d'El hadja Menad, « les Ailes brûlées » est un cri. Cri de douleur, de désespoir, de colère face au silence des autres, à l'injustice subie et répétée, à la souffrance innommable, à la mort venue par surprise et bien trop tôt.
L'esprit d'El hadja revient à Mostaganem quelques années après sa disparition. Là, elle convoque sa famille et ses amis pour un face à face poignant, douloureux, tragique par moment où par moment la vérité de chacun sort…
Démarrant donc comme un roman, l'oeuvre se continue sous forme théâtrale où El hadja mène la danse, théâtre aux consonances antiques avec la présence d'Hadane qui se rapproche bien du rôle des anciens choeurs.
Poétique au démarrage, on se retrouve très vite dans des dialogues acérés, où l'accusation et la défense se heurtent la plupart du temps sans jamais vraiment trouver de consensus, où l'ignorance et la bêtise crasse sont mis au banc des accusés, incarnés par le frère meurtrier, inculte et aveuglé par des coutumes dépassées, incapable d'ailleurs de soutenir le feu vengeur de sa victime ivre de colère, de rage et d'incompréhension. Car El hadja était en effet en opposition directe de son frère (qui n'a même pas de nom dans cet oeuvre) : cultivée, promise à un bel avenir de comédienne, quasiment autonome, ce qui allait à l'encontre de la tradition pervertie par son frère et ses amis…
Pour ce qui est du style, il est fluide, très aisé à lire au point qu'une fois commencé, je n'ai plus lâché le livre, vibrant d'émotions à chaque étape du calvaire d'El hadja (l'identification était encore plus facile étant donné que je suis de la même génération), de ses cris de détresse face à l'oubli, de sa colère face à l'injustice qui lui a été faite et enfin le faux apaisement grâce à l'honnêteté de son père et de ses amis.
En ce qui me concerne, cet hommage est aussi une vraie claque, un coup de poing tel qu'il m'a bien fallu quelques jours avant d'écrire ces lignes. Car c'est dur, c'est violent, ça prend aux tripes et ça fait mal, ça peut aussi mettre en colère et faire pleurer. Ça fait réfléchir aussi. Beaucoup. Et j'adore. J'aime qu'on me secoue de ma zone de confort en tant que lectrice. Eh bien là, c'est fait ! Et si je craignais le raccord entre la partie romanesque et celle théâtrale, j'ai été vite rassurée : je ne l'ai quasiment pas vu. le passage se fait naturellement sans heurt, et on se retrouve aux premières loges pour le dernier grand rôle d'El hadja, celui du personnage qui dévoile les coeurs et expose en pleine lumière la vérité toute nue.
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