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Critique de MonsieurLoup


Il ne m'aura fallu que quelques pages feuilletées en librairie pour tomber aussitôt sous le charme de Shangri-La. La lecture complète de l'oeuvre n'aura jamais fait mentir cette première intuition : c'est un joli coup de coeur qui s'est profilé sous ces pages.

Mathieu Bablet nous propose ici un melting pot de ce qui se fait en SF : anticipation dystopique et sa critique sociale qui va avec, thriller cyberpunk, hard-SF, méchas, planet-opera, poésie contemplative devant la beauté de l'univers et d'une nature massacrée...
Des genres et références parfaitement assimilés et digérés en une histoire cohérente, dense mais fluide, sans être brouillonne pour un sous. L'empathie marche à plein régime, le cerveau aussi : on rit, on enrage, on s'émeut, on réfléchit...
L'auteur en profite pour aborder pléthore de thématiques : société de contrôle, consumérisme, rapport de l'homme à la société, réalisation du profit, racisme, expérimentation animale, scientisme fanatique, réflexions écologiques, compromis révolutionnaires ; des thématiques on ne peut plus actuelles, effrayantes lorsque l'on se rend compte que Bablet accentue à peine le trait pour permettre une prise de conscience glaçante.
Un presque sans faute, donc. "Presque", car l'introduction, bien que très réussie et nous rappelant efficacement et poétiquement notre place dans l'immensité d'un univers en constante évolution, me semble un peu trop déconnectée de la fin de l'arc principal concernant Scott (le personnage principal) ; et parce que les messages véhiculés manquent parfois d'un poil de subtilité, même si on évite astucieusement tout manichéisme - ce qui donne parfois une vision particulièrement pessimiste de notre avenir, heureusement relevée par des touches de poésie et d'espoir rares mais belles. Mais ce sont bien les seuls menus reproches que j'ai pu trouver.

Les dessins de Bablet ont un véritable cachet où le charme opère aussitôt. Plans, découpages, perspectives et compositions parfois impressionnantes, on n'est pas à l'abri de quelques magnifiques claques visuelles, du soin réaliste apporté aux stations spatiales (intérieurs comme extérieurs, bluffant), à l'ingéniosité folle de l'architecture du gigantesque satellite où les restes de l'humanité se sont regroupés, en passant par une poésie cosmique ou écologique.
L'auteur déploie par la même occasion une palette de couleurs douces, chaudes dans l'introduction et la conclusion, plus froides pour les parties en intérieur, se mariant parfaitement à l'histoire et aux dessins, participant même pleinement à leur beauté.
A noter également le joli travail d'édition de la part d'Ankama, qui propose un grand format assez luxueux et beau, soigné, pour un prix plus que correct.

Première découverte d'un artiste complet et accompli, qui donne furieusement envie de se plonger dans ses oeuvres précédentes, La Belle Mort et surtout Adrastée, avant de se jeter sur tout ce que Bablet pourra désormais produire.
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