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Critique de Odie_dlch


Une pièce de théâtre où l'auteur dénonce le café du commerce new génération illustré par la télé-réalité et l'usage intensif voire abusif d'internet.
Une oeuvre qui parle de l'impossibilité du dialogue entre des gens pétris de certitude, qui ont un avis tranché, ferme, définitif (et absolument pas argumenté) sur tout et sur tout le monde, sans prendre le moindre recul et sans aucune auto-dérision, cette suffisance et ce mépris pour ceux qui ne sont pas d'accord aussi, ce sentiment de supériorité qui induira un autre sentiment : celui d'impunité.
Le "populaire" dans ce qu'il a de plus péjoratif.
Où l'on se rend compte, pour peu que l'on jette un oeil (ou deux) à la télévision ou aux réseaux sociaux, que le problème dépasse les spécificités italiennes (ou romaines en l'occurrence) mais que, sans être véritablement ancré dans une époque précise, il parvient à revêtir un caractère quasi universel du point de vue des sociétés occidentales contemporaines au final, avec la starification de la bêtise et de la méchanceté gratuite, la médiocrité intellectuelle érigée en modèle pour des victimes consentantes manipulées par l'image et qui ne sont pas assez fortes pour faire preuve d'un détachement nécessaire et trouver ça suffisamment con pour en rire.

Il réussit par ailleurs le tour de force de coucher sur papier un langage oral original et non-normé, à écrire comme ses personnages parlent...
Mention spéciale donc au collectif de traduction car la mission s'annonçait plutôt casse-gueule : chercher à traduire les fautes d'italien en fautes de français, à retranscrire les spécificités d'un langage, sa rythmique si particulière encore plus singulière ici avec le mélange des différents niveaux de langue au sein d'un même discours (un peu comme si, inversement, on cherchait à retranscrire les néologismes, les expressions idiomatiques régionales et les lapsus dans les réflexions métaphysiques de nos "Ch'tis dans n'importe quel coin du globe" en un italien argotique intelligible par tous... Chaud quoi).

Un véritable cas d'école pour les linguistes, un sujet d'études à proposer d'urgence en cours de version, qui nous rappelle à quel point le travail de traduction est passionnant, moins basé sur la connaissance des fonctions langagières que sur la sensibilité du lecteur, que tout y est sujet à débat et à interprétation, que la discussion est hyper importante dans cette tentative de coller au plus près au sens du texte, tout en s'en éloignant formellement pour essayer d'exprimer toute son essence, d'en adapter les figures de style et les sonorités dans une autre langue.
Et même si l'on n'est pas toujours totalement d'accord avec leurs choix, on ne peut que louer la démarche d'interprétation à 18 du collectif de la langue du Bourriquot.

Une pièce à lire directement une première fois en VO ou en VF, et à relire dans l'autre langue à la lumière de l'introduction cette fois-ci (qui s'avère plutôt être une analyse de l'oeuvre via la démarche de traduction, très intéressante au demeurant mais qui risque de vous spoiler le texte).

Bref, merci à l'opération Masse Critique de Babelio de m'avoir permis de découvrir ce dramaturge italien (ça me change de Donato Carrisi). Il ne me reste plus qu'à trouver les 2 autres volets de sa trilogie et de guetter leur adaptation sur scène.
Lien : http://www.delacritiquehyste..
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