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Critique de miriam


Seydou Badian est un écrivain Malien. Sous l'Orage, son premier roman, daté 1954, se déroule donc avant les Indépendances. Dans ces temps troublés, s'affrontent les Anciens, détenteurs de la tradition rurale, attachés à un passé de chasseurs aux pratiques animistes, et les Jeunes qui ont étudié à l'école des Blancs et qui rejettent superstitions et anciennes coutumes rétrogrades.

Le roman s'avance à pas comptés. Il s'ouvre un matin, sur le projet de mariage arrangé par le père Benfa de Kany avec Famagan, le marchand. Décor agreste, :

Rien ne laisse deviner les bouleversements à venir.

"Kany rêvait d'amour et d'avenir. Elle voyait un merveilleux avenir embelli par la présence permanente de Samou"

Mariage d'amour contre mariage arrangé? Famagan, le commerçant, est plus âgé qu'elle et surtout il a déjà deux épouse. Protestation contre la polygamie? le roman avance d'abord dans le registre d'un amour contrarié. Samou, un élève de l'école des blancs, comme Kany, avec leurs camarades de classe rêvent de modernité, d'hygiène, de vaccination.

"La famille de Benfa était donc divisée à propos de cette affaire: Birama, Nianson, Karamoko étaient du côté de Samou, tandis que le père Benfa et Sibiri, l'aîné, ne pensaient qu'à Famagan"

Pour mettre fin aux amours de Kany et de Samou, le père Benfa envoie sa fille et Birama, son jeune fils chez son frère Djigui, au village. Changement de décor, Kany et Samou, les élèves citadins, découvrent une autre vie, plus traditionnelle encore où les fétiches sont encore révérés et où le pouvoir des blancs sur les paysans est arbitraire et pesant. A un Roméo et Juliette succède un roman beaucoup plus politique."

"- dites au Blanc que vous avez assez appris, qu'il vous laisse à présent, vous êtes en âge de fonder un foyer..."

Les amours de Kany semblent mal parties. Pourtant, c'est au village auprès de Tièman-le-Soigneur qu'elle trouvera son meilleur appui "Tiéman est instruit, il a été soldat, à deux pas d'obtenir son diplôme d'instituteur, a-t-il préféré rester infirmier au village"

Tiéman a trouvé les mots pour convaincre et le père Djigui, l'ainé a écrit à Benfa de laisser Kany étudier. Triomphe de l'amour? Presque, en ville des changements s'annoncent, les jeunes réclament l'égalité des droits, des représentants élus. On sent se préciser les mutations. le mariage de Kany et de Samou devient un symbole pour les jeunes.

Benfa, Famagan et les Anciens n'ont pas désarmé. le conflit de génération est ouvert....cependant les idées modernes des jeunes ne sont-elles pas une copie de celles des Blancs? comment les Anciens peuvent-ils abandonner coutumes et autorité?

-"je sais le sentiment qui vous anime en ce moment c'est de l'orgueil. Il n'a pas sa place ici.Encore une fois, les vieux ne sont pas vos rivaux mais vos aînés, vos pères[...]les vieux sont plutôt malheureux. Imaginez un homme qui, encore très riche se trouve aujourd'hui sans rien. on lui annonce que ses richesses n'ont plus de valeur[...]et cela sans préparation aucune, avec la brutalité d'une pluie d'été"

Ce roman qui s'ouvrait comme une romance contrariée a pris une dimension politique. le problème est autrement plus complexe.
Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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