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Critique de lebelier


Monumentale monographie (767 pages !) consacrée à la vie et l'oeuvre de F. Truffaut depuis sa naissance en 1932 d'une fille mère jusqu'à sa mort en 1984 à Paris d'une tumeur cérébrale. Comme Balzac -son premier maître- il est mort à 51 ans. Cela ne veut rien dire, dirait le Meursault de Camus.

Bien sûr, on retrouve l'enfance difficile d'un jeune garçon non désiré, non légitime, amené à commettre quelques exactions qui l'emmènent en camp de redressement, comme dans son premier long métrage , "les 400 coups". Dès lors, la vie et l'oeuvre de Truffaut sont intimement liées. L'amoureux de la littérature- et De Balzac en particulier- saura opérer au cinéma cette nécessaire transformation du réel, gage de toute oeuvre d'art. On y rencontre un jeune cinéphile qui crée un ciné-club à l'aide de son ami de toujours, Robert Lachenay, un passionné qui voue sa vie au cinéma, d'abord comme critique respecté aux Cahiers du Cinéma, craint par le « cinéma français de qualité » incarné entre autres par Delannoy ou Autant-Lara, cinéma qui, selon Truffaut est d'un incroyable conservatisme. Chef de file de la Nouvelle Vague aux côtés de Godard ou Chabrol, Truffaut incarne un cinéma à la fois libre et ambitieux. Bien que ses films ne soient pas toujours des succès publics ("La peau douce" ;" Les deux anglaises et le continent") à l'instar des "400 coups" et de toute la série des Doinel incarné par Jean-Pierre Léaud, son acteur fétiche, il tourne néanmoins ce qu'il croit juste et le fait d'un amour sans faille du cinéma et de la littérature, dont Pierre Roché lui a fourni une importante matière première : "La peau douce "; "Les deux anglaises et le continent" ; "Jules et Jim" ( que j'ai mis longtemps à accepter, encore que c'est loin d'être mon préféré malgré la divine présence de Jeanne Moreau…)

Ce qui marque le plus dans la vie de Truffaut c'est le rapport entre sa sincérité de cinéaste et les doutes qui l'habitent régulièrement. Souvent, on le trouve prêt à tout abandonner car il ne croit pas le scénario viable. Il fut très clairvoyant, lorsque, ayant engagé Trintignant pour "Vivement Dimanche", son dernier opus, il a regretté de ne pas l'avoir pris pour bien des rôles que, lui, Truffaut a dû se résoudre à jouer. Franchement, ce n'est pas un acteur !

Que me reste-t-il de Truffaut ? Quel est le film qui m'a le plus marqué ? Je crois que c'est d'abord "la nuit américaine", avec cette mise en abyme du cinéma, écho de la vie comme les films le sont de celle de Truffaut. J'avais 20 ans. Mais, ayant récemment revu "Les deux anglaises et le continent" je le considère l'âge venant, comme l'un des plus émouvants et des plus subtils, avec un je-ne-sais-quoi des soeurs Brontë, d'anglais grand teint.
Truffaut est et restera le réalisateur que j'admire le plus.

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