AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Zora-la-Rousse


Mon compagnon est un fan invétéré de Peter Bagge, ce qui me permet d'avoir à disposition la quasi-totalité de ses oeuvres publiées en France. Malgré cette porte grande ouverte sur cet auteur reconnu de la BD underground américaine, je n'avais pas encore osé aller à sa découverte, jusqu'à cette couverture : une femme toute de rouge vêtue sur une scène, bâillonnée, pendant que deux hommes à la mine patibulaire discourent à sa gauche et à sa droite... Mais quelle est donc cette femme rebelle ? Quelle est donc l'histoire de Margaret Sanger ?

En une série de brefs épisodes d'une ou deux pages, Bagge nous dresse le portrait d'une pionnière du droit des femmes, née dans la campagne de l'État de New-York, et dans les années 1880. Une jeune femme brillante qui aura sans doute trouvé la motivation des combats de sa vie dans son enfance, avec une maman mère de 11 enfants mais surtout enceinte 18 fois, morte de la tuberculose à l'âge de 49 ans.
Cette vie n'est pas faite pour Margaret qui, même mariée et mère de trois enfants, choisit de mener de front sa vie professionnelle d'infirmière et sa vie militante. Ses prises de position radicales publiées dans le mensuel ‘The woman rebel' l'amènent à s'exiler loin de sa famille, en Angleterre et en Espagne, où elle fera la rencontre de militants et d'intellectuels défendant des causes identiques aux siennes. de retour en Amérique, et désormais séparée de son mari, elle fonde à Brooklyn la première clinique de contrôle des naissances aux États-Unis avec sa soeur Ethel, en octobre 1916. de livre en livre, de conférence en conférence, elle continue de se battre et d'argumenter pour son combat qui finit par être reconnu, malgré les polémiques et les procès. Grâce à elle enfin, la ligue américaine pour le contrôle des naissances se dénommera planning familial et la légalisation de la pilule sera actée et légalisée un an avant qu'elle ne décède, en 1966.

Quelle femme et quelle biographie-hommage offerte par Peter Bagge ! Ce comics se lit tout seul et reste très rythmé et dynamique, à l'image du personnage. Même si le style de l'auteur m'a surprise dès les premières pages, avec ces corps courbés et souples, parfois élastiques, ces visages très expressifs et quelquefois distordus, cela ne vient à aucun moment dénaturer le propos, bien au contraire. Il donne vie au récit, sort du conformisme de l'exercice et offre à cette femme impossible, survoltée et indomptable un visage humaniste et séduisant, drôle aussi.

Un portrait fascinant, admirablement documenté, et intègre sur cette femme controversée, qui mérite que l'on s'y arrête longuement. Une belle découverte...
Commenter  J’apprécie          140



Ont apprécié cette critique (14)voir plus




{* *}