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Critique de djathi


Une atmosphère très particulière, tout au long du livre , pesante ,traduisant un certain fatalisme et qui semble propice à tenir le lecteur en haleine , dans l'attente d'une libération .....


Helmer a repris la ferme de ses parents , contre son gré : C'est son frère jumeau qui aurait du avoir ce rôle là , alors qu'Helmer continuait des études littéraires ..... le sort en a décidé autrement puisque celui-ci meurt brutalement dans un accident de voiture aux côtés de sa fiancée qui , elle , en sortira indemne !
De là ,Helmer sombrera dans une sorte de léthargie sans plus se poser de questions que celles que lui imposeront les gestes triviaux de la vie quotidienne à la ferme en le mettant à l'abri de la souffrance psychique .


"Durant toute une moitié de mon existence , je n'ai pensé à rien . J'ai remis tous les jours ma tête sous les vaches .En un sens , je les maudis , ces vaches , mais elles sont par ailleurs pleines de chaleur et de sérénité, quand , front appuyé contre leur flanc , on leur met la trayeuse .Rien n'est aussi rassurant , rien n'est aussi protecteur qu'une étable bien remplie de vaches respirant paisiblement ; par un soir d'hiver . Jour après jour , été, automne , hiver , printemps ."


Mais on pense à une célèbre phrase de Victor Hugo ("Le plus lourd fardeau , c'est d'exister sans vivre ) en lisant certains passages :
"C'est samedi, le soleil brille et il n'y a pas un souffle de vent.Une claire matinée de décembre où tout est nu et net . Un jour propice à la nostalgie. Non pas d'un "chez moi", puisque j'y suis , mais celle de jours exactement semblables, il y a longtemps.Et la chose a un autre nom, disons _la mélancolie."

Alors qu'il cohabite avec son vieux père grabataire , en fin de vie , dans un climat de rancoeur rendant l'atmosphère lourde , imprégnée presque d'une odeur de rance tant la force immuable des choses semble être leur quotidien , un évènement va bouleverser l'ordre établi et laisser entrevoir un bout d'horizon : la lettre de Riet , l'ancienne fiancée du jumeau après toutes ces années de silence ........
Helmer accepte le requête de Riet en embaûchant le fils de celui-ci pour quelques temps : le passé ressurgit à ce moment là(Riet a donné à son fils le nom de son fiancé parti "Henk"en plus !) et ainsi on entrevoit toute la complexité psychologique d'HELMER à l'automne de sa vie :
Ce nouvel Henk , dans la jeunesse éclatante , réveille ses penchants sexuels refoulés ......
réveille aussi la douleur de l'absence de son jumeau :


"HELMER ?"
_Oui ?
_Comment c'est d'avoir un frère jumeau?
_C'est la plus belle chose qui soit Henk.
_A présent tu te sens diminué de moitié ?
Je veux dire quelque chose , mais n'y parviens pas . Je suis même obligé de m'agripper à l'une des barres métalliques pour ne pas tomber. J'ai toujours été ignoré , papa et maman comptaient davantage ,Riet a revendiqué_si peu que cela ait duré _ son veuvage, et me voilà le fils de Riet ici, face à moi , en train de me demander si je me sens diminué de moitié.Henk m'attrape par les épaules , je lui fais lâcher prise.
"Pourquoi pleures-tu ?demande-t-il .
_Pour tout, dis-je.
Il me regarde.
Je le laisse me regarder ."


Cet extrait traduit avec grande pudeur le fond de l'âme de Helmer et ses souffrances intérieures .........



Si certains ont vu à travers la fin , une ouverture enfin ....... je n'ai pas pu m'empêcher de penser qu'une "happy-end" après un tel chemin ne peut être qu'illusoire .......

Un livre tout en retenu et pourtant intense , empreint de pudeur et pourtant trivial , poétique et pourtant rustique ....... Pour évoquer la profondeur de l'âme humaine , la souffrance dans les relations familiales , l'abnégation , le déterminisme , la nature incontournable .....
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