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Critique de Stockard


Le Diable trouve à faire est un ouvrage à part dans l'oeuvre de James Baldwin. Dans ce livre, l'auteur décortique quelques films qui l'ont marqué lui ou certaines périodes de sa vie (La guerre de Corée, son retour d'Europe etc.)

Déjà, entendons bien, Baldwin est pour moi un écrivain génial, pas question de revenir là-dessus mais quand il raconte un film, soyons honnêtes, on ne comprend rien. Pour ceux que j'avais vu (presque tous heureusement puisqu'il se concentre sur quelques titres illustres) ça allait encore, mes propres souvenirs comblant la confusion du récit mais pour quelques autres, j'ai vraiment pédalé dans la semoule. Ceci dit et s'il en fallait une, voilà au moins une bonne raison de les visionner.
Bon, une fois chaque film obscurément expliqué, Baldwin sort sa moulinette et y passe la pellicule avec ce qui m'a semblé une délectation à peine dissimulée.
Je n'ai pas compris d'ailleurs cette satisfaction à dénigrer des films qui, en leur temps, ont tenté de faire avancer les mentalités ("Guess who's coming to dinner", "The defiant ones", "In the heat of the night"... un problème avec le magistral Sidney Poitier ?) et à contrario, la complaisance marquée face à "The birth of a nation".
Et puis à la fin de l'ouvrage, s'en prendre à l'Exorciste, nous le présentant comme une oeuvre mystico-théologique (?!) en fustigeant les effets spéciaux qui selon Baldwin ne représentent aucunement le diable (ce dernier ayant plutôt visage humain, ou plus clairement vivant en chacun de nous). Non James, il arrive qu'un film ne soit rien d'autre qu'un film (même si très souvent un petit message peut se glisser en filigrane) qui ne cherche qu'à divertir. L'Exorciste, en livre ou en film, est une oeuvre d'épouvante, on aime ou on n'aime pas mais pourquoi vouloir à ce point changer son identité pour s'offrir l'opportunité de lui casser les genoux ?
Parfois le cinéma n'est que du cinéma mais Baldwin ne l'entend apparemment pas de cette oreille et analyse chaque scène des films choisis comme s'il disséquait les oeuvres de Schopenhauer, cherchant la petite bête et finissant par trouver tous les défauts du monde à une oeuvre qui n'en demandait pas tant, quitte à faire preuve d'une certaine mauvaise foi (sur ce point je peux me tromper mais c'est ce que j'ai ressenti à de nombreuses reprises)

Bien sûr, tout n'est pas à jeter, loin de là dans le Diable trouve à faire. La première partie, par exemple, est particulièrement intéressante quand l'écrivain revient sur son enfance, son appartenance à l'église et son amitié avec "Bill", jeune enseignante blanche (qui sauve tous les autres Blancs de la haine aveugle que sans elle Baldwin leur aurait porté) qui l'initie à l'art en général et au cinéma en particulier.
Le petit James découvrant Joan Crawford, tout confus, ne sachant si elle est noire ou blanche (alors qu'elle n'est ni l'une ni l'autre, elle est Vienna, un point c'est tout) puis le théâtre, les pièces de Shakespeare... Oui, toute cette partie qui façonne ce que ce "petit gamin aux yeux de grenouille" deviendra plus tard mérite largement qu'on s'y attarde.

Au final, je pense être passée à côté de ce que James Baldwin souhaitait transmettre avec cet essai. J'espérais en ressortir forte d'informations et de renseignements sur des films devenus des incontournables du cinéma américain mais en fait non et sûr qu'avec le temps il ne m'en restera pas grand chose, pour ne pas dire rien.
Et c'est dommage parce qu'habituellement un livre de James Baldwin est toujours une promesse de connaissance et de réflexion... L'exception qui confirme la règle ?
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