AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Fauvine


Roman fantastique, La Peau de Chagrin nous plonge dans la vie d'un jeune homme désargenté durant l'époque de la Restauration (époque que Balzac nous dépeint dominée par l'appât du gain, comme dans Melmoth réconcilié). On y découvre les tourments que peut souffrir un Homme en butte avec la pauvreté, l'impossibilité de se divertir, de s'habiller de façon un tant soit peu soignée, de pouvoir plaire, de se nourrir à sa faim… mais aussi l'exaltation inouïe qu'on peut trouver dans l'étude intellectuelle, dans les profondeurs de réflexions interminables, dans des apprentissages sans cesse renouvelés, dans la contemplation de ce qu'on a sous les yeux, si l'on sait voir le monde avec un regard autre, « poétique ». Il nous parle aussi du sentiment amoureux, des excès qu'il peut pousser à accomplir, de la dépendance affective à un autre dont on n'est jamais trop assuré des pensées et des motivations (tout cela de manière un peu trop redondante parfois). Mais il s'agit surtout d'un roman philosophique qui pousse à se questionner sur la vie même, le désir et l'insatisfaction. Valentin, en prise avec des idées noires, rentre chez un antiquaire et collectionneur (passage un peu trop longuement détaillé pour moi) où il rencontre un étrange personnage qui lui propose d'acquérir un morceau de peau d'âne au pouvoir stupéfiant mais aussi terrifiant… À partir de ce moment, Balzac nous amènera à entrevoir deux types de vies possibles et différents points de vue sur celles-ci : une vie courte mais où tous nos désirs sont exaucés et une vie longue mais où l'on n'a plus la possibilité de désirer, vouloir quoi que ce soit. La sagesse pourrait laisser penser qu'une vie longue et dépouillée de l'esclavage du désir est préférable ou bien la fureur de vivre qu'une vie où tout est possible serait plus intense et meilleure. Mais les deux ne finissent-elles pas par se rejoindre ? Une vie où tout est possible ne rend-il pas indifférent à tout et ne tue-t-il pas tout désir naissant ou n'abrutit-elle pas dans la débauche ? Et une vie sans désir, n'est-ce pas un semblant de vie, la vie d'une plante se contentant de végéter, gommant tout ce qui fait l'humain ? C'est ce que pour ma part je crois avoir tiré de ce roman qui est je pense riche d'interprétations diverses.
Commenter  J’apprécie          94



Ont apprécié cette critique (8)voir plus




{* *}