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Critique de Nastie92


Je n'avais jusqu'à ce jour jamais rien lu de Balzac.
Moi, l'amoureuse de la littérature, l'idolâtre de Zola, la dévoreuse de romans de nos fabuleux écrivains français du dix-neuvième siècle !
Lycéenne, j'ai étudié ou lu Zola, Flaubert, Maupassant... mais pas Balzac. Je suis passée au travers.
Mon fils, en classe de première, devant lire le père Goriot, j'ai profité de l'occasion pour pousser la porte de l'univers balzacien.
Me voilà donc dans la pension de la veuve Vauquer, à la découverte de ses occupants et de leurs histoires.
Quelle merveille ! Je suis conquise !
Moi qui aime les belles descriptions, je suis servie.
La maison tout d'abord, véritable décor de théâtre pour le drame qui va se jouer. Sordide à souhait, elle révèle le caractère de sa propriétaire et Balzac nous fait vraiment sentir l'atmosphère qui y règne.
Les pensionnaires ensuite, magnifiquement croqués. Balzac est d'une efficacité redoutable : on sait presque tout d'eux, rien qu'à travers leurs portraits.
Parmi eux, un certain monsieur Goriot, surnommé par tous le père Goriot.
Goriot, qui donne son nom au titre du roman.
Veuf et désargenté, il a connu des jours meilleurs mais se retrouve maintenant la proie des moqueries des autres habitants.
Et ceux qui ne le raillent pas ne savent que penser de lui.
Il intrigue.
Ainsi, Rastignac confie-t-il à Bianchon : "Sa vie me paraît être trop mystérieuse pour ne pas valoir la peine d'être étudiée."
Il y a donc du mystère dans ce livre.
Du suspense aussi. Habile manipulateur, Balzac tire les ficelles et sait entretenir l'intérêt du lecteur et son envie d'en savoir plus.
Qui est vraiment Goriot ? Qui est Vautrin ?
Pour le savoir, il faut lire la suite !
Car après avoir planté le décor, Balzac développe son intrigue. Et il le fait avec une grande maîtrise.
C'est passionnant à lire, de bout en bout.
Certains passages m'ont particulièrement impressionnée.
Par exemple, vers le début du deuxième chapitre se trouve une magnifique tirade de Rastignac à Vautrin dans laquelle l'expérimenté donne des conseils au jeune étudiant. En fait, c'est toute sa connaissance de la vie et sa rouerie qu'il lui offre. C'est un choix de vie qu'il lui propose : une vie honnête mais besogneuse et pauvre, ou une vie bien plus riche, mais à condition de ne pas être trop regardant sur la morale.
Drôle de choix !
Mais ce qui m'a le plus touchée, c'est le dernier chapitre. Dans un crescendo d'émotions, Balzac nous raconte la fin de Goriot. (Je ne dévoile rien, le titre de ce chapitre est "La mort du père")
On ne peut pas rester insensible à la lecture de ces lignes terriblement émouvantes.
On ne peut pas rester insensible devant l'amour de Goriot pour ses filles.
On ne peut pas rester insensible devant la monstrueuse ingratitude dont ses filles font preuve envers lui.
Balzac a écrit dans ce chapitre des pages sublimes, qui m'ont émue au plus profond de moi.
Pauvre père Goriot !
Pauvre père à la générosité si naïve et touchante, que ses filles exploitent sans vergogne jusqu'au trognon.
Balzac est terriblement cruel quand il dépeint la façon dont ces égoïstes le plument :
"Ce père avait tout donné. Il avait donné, pendant vingt ans, ses entrailles, son amour; il avait donné sa fortune en un jour. Le citron bien pressé, ses filles ont laissé le zeste au coin des rues."
Cruel, n'est-ce pas ?
Mais réaliste.
Terriblement réaliste. Car, qui ne connaît pas de père Goriot autour de soi ?
Des pères Goriot, il en existe plein, car des filles Goriot, il en existe malheureusement beaucoup.
Balzac ne fait que raconter ce à quoi il a dû assister. Il ne fait que raconter ce qui existe encore aujourd'hui.
Il dénonce des comportements pas jolis jolis, et il le fait d'une façon magistrale.
Je ressors tout éblouie de cette lecture.
Le père Goriot, c'est le roman de la générosité sublime contre l'ingratitude la plus extrême.
C'est le roman de l'amour paternel aveugle contre l'égoïsme absolu.
C'est merveilleusement bien écrit, c'est un régal !
Je découvre en Balzac un fin psychologue, un génie du tempo, un maître de la description.
Un écrivain exceptionnel.
Je suis conquise par ce roman et tellement heureuse de voir toutes les nouvelles possibilités de lectures qui s'offrent à moi.
Quel bonheur !
Je ne compte pas en rester là avec Balzac et me permets de reprendre à mon compte les célèbres mots que Rastignac prononce en fin d'ouvrage : "À nous deux maintenant !"
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