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Critique de nilebeh


C'est une histoire tristement banale : un homme plongé dans le coma, sous respirateur mécanique et sa femme à ses côtés. Dans un contexte tristement banal : une usine qui va sans doute fermer, dans une région frappée par le chômage, en raison de la défection d'un client qui passe commande ailleurs.
Mondialisation, surcoûts de production en France, délocalisations, concurrence de l'Est de l'Europe.
Un patron au bord de la faillite qui se retrouve sous assistance respiratoire.

Allons-nous mourir d'ennui, sombrer dans la mélancolie, vite refermer le livre ? Non : car le patron, c'est Thomas, exemplaire de ce patronat social qui ne vise pas à l'enrichissement à tout prix et surtout au détriment de ses employés. A l'écoute, partisan de la négociation plutôt que du coup de force, préférant sauver des emplois plutôt que de recourir à un plan social.

Le patient plongé dans le coma, c'est encore Thomas. Sa vie est restée en suspens après un choc émotionnel, après la diminution progressive d'oxygène dans sa gestion d'entreprise. Il y a quelque chose de dérisoire à être victime d'une crise d’asthme carabinée quand on est fabricant d'inhalateurs pour ...asthmatiques !

Et tout le livre consiste à faire la navette entre deux lieux, deux moments, deux époques : la chambre d'hôpital, théâtre d'aujourd'hui avec pour rôles principaux Olivia, l'épouse, affreusement lucide mais déterminée à vivre, Muriel, la mère pleurnicheuse et immature (à 70 ans, s'habiller en Minnie Mouse!) qui a littéralement « étouffé » son fils, et Rémi, l'infirmier plein d'empathie qui aide de son mieux ; l'usine, avec son directeur, son responsable Recherche et Développement qui, paraît-il a trouvé la solution miracle pour sauver l'usine et finit par passer à la concurrence, les syndicalistes, chacun dans son rôle.

Il y a quelque chose d'amusant dans l'intitulé de chaque chapitre, à savoir les multiples définitions des mots « principe » et « suspension », théorie selon laquelle un couple (ou tout autre association humaine) ne tiendrait que si les éléments qui le constituent restent en suspens ; dès que l'un d'eux « précipite », il y a calcification, solidification, que sais-je, bref, c'est la fin de l'état de grâce. On n'aurait pas imaginé que le champ sémantique de ces deux mots soit si vaste !

Voilà de quoi faire un film, une série télévisée, je ne sais pas, mais il y a de la matière ! Émotions, action, problèmes sociétaux, les ingrédients sont là. Ce roman, premier roman de Vanessa Bamberger ne manque ni de souffle ni d'air frais, et c'est une asthmatico-BPCO qui vous le dit !

Pour info : la BPCO, c'est, comme le dit l'auteure, le nouveau nom de la bronchite chronique, celle qui fait vendre des inhalateurs chers et remplit les caisses des laboratoires pharmaceutiques... (dixit l'auteure, pas moi, bien sûr. Quoique...)

Merci aux 68 14ères fois pour m'avoir fait lire un roman sur un thème que je connais et pratique depuis...longtemps !
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