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Critique de A-petits-pas-de-pages


L'écriture de l'auteur est fluide, plutôt jeune tout en restant très juste. C'est cette justesse sur un sujet particulièrement sensible qui m'a frappée, tant cela était maîtrisé entre une grâce certaine et une force particulière pour dénoncer la cruauté. L'ensemble est rythmé, et les chapitres courts facilitent la lecture.
L'auteur dénonce la violence conjugale avec sincérité, vue en premier lieu par un enfant de cinq ans qui découvre sa mère sans vie (et ceci nous laisse sans voix dès les premières pages du roman), puis par une jeune fille plongée trop rapidement dans le monde des adultes en découvrant le double visage de son mari "parfait". Ils grandissent, l'un devient une star du rock, tandis que l'autre vit dans l'ombre en élevant ses enfants dans un mariage apparemment "parfait".
Les personnages sont débordants de réalité et de sincérité. Kyle est un personnage touchant par le fantôme de son passé qui le ronge à l'intérieur, qui ressent beaucoup de choses et qui voit les autres en profondeur tout en étant toujours guidé par son instinct. Sa soeur Jane, adorable, est une sorte de bouée de secours à laquelle il peut toujours se raccrocher en cas de besoin, elle qui a les pieds sur terre. Coryn est une femme dont on suit le parcours depuis son enfance : elle n'a jamais eu le choix de quoi que ce soit. On suit sa détresse et sa silencieuse souffrance. C'est un personnage vraiment bouleversant, qui gagne en courage au fil des pages, malgré d'importantes remises en question. Jack est l'homme type calculateur, obscène, malin et cruel, sans un soupçon de remord, sous des airs de mari parfait en société. Même si tout ne finit pas bien pour lui, on sait que dans la vie le karma n'est pas toujours aussi généreux avec les justes.
Les thèmes abordés dans ce roman sonnent justes et sont parfaitement équilibrés quant aux réactions des personnages : personne n'en fait trop sur tel ou tel sujet. On voit l'évolution de Kyle et sa façon de se défouler de son passé sur scène. On voit également petit à petit la vie de Coryn s'étioler, de la première gifle jusqu'aux insoutenables viols et coups réguliers. On la regarde, impuissants, se sentir piégée dans sa vie, ne pouvant la fuir au risque de perdre ses enfants, souffrant en silence, sans personne à qui se confier. La Maison de Jane fait office de havre de paix et montre qu'il existe des endroits spécialisés pour ce problème, des gens à l'écoute, même s'il faut beaucoup de courage pour tout quitter et y aller. le tout est desservi avec une grande subtilité.
Leur rencontre inattendue (leurs destins qui s'entremêlent) ouvre une nouvelle voie à Coryn, laisse entrevoir un échappatoire d'espoir et de liberté. L'alchimie qui se dégage de leurs rencontres est formidable, on le ressent au plus profond de soi comme si on était l'un d'eux. Durant tout le roman,ils se cherchent, se croisent, s'éloignent, rêvent loin, se mettent des barrières... Mais savent. Tout cela est extrêmement frustrant ! On a juste envie de les pousser dans les bras l'un de l'autre dès leurs premières rencontres, et de détruire les trop hauts murs qui séparent leurs vies. Pendant presque tout le roman, leur relation est faite de hauts et de bas, de rencontres loupées, d'un pas en avant - deux pas en arrière. C'est une émotion qui les ronge. Même à la fin, le temps est toujours compté.
Pour conclure, je dirai que c'est un roman vraiment touchant, poignant, sur un sujet rare mais très important qui est celui de la violence conjugale.
Lien : http://a-petits-pas-de-pages..
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