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Critique de Bookycooky


Marta Barone a eu un père avec lequel elle a très peu vécu en famille, a eu des rapports très distancés par la suite, un père qu'elle semble avoir peu aimé. "Je ne savais pas grand chose de lui" dit-elle dans son livre qui a été nominé finaliste du prix Strega 2020 ( Goncourt italien). Ce livre a vu le jour, car ce père mort en 2011 a laissé derrière lui un grand secret de quinze ans, qui date d'avant la naissance de Marta, sa fille unique, date à laquelle Leonardo Barone avait déjà 42 ans. Cet homme à multiple vies, multi diplômé, médecine, psychologie et droit, fût accusé dans les années 70 et début 80 comme "un des membres " de la lutte armée marxistes-léniniste et fut condamné à une peine de prison. Marta de ce secret qu'elle eu vent alors qu'elle était encore très jeune, a reconstruit un passé librement inspiré de ses divers recherches et documents, dans la mesure où l'histoire est désormais sujette à des difformités vu le passage du temps et la subjectivité impossible à éviter ( "Tu sais qu'il y aura au moins une centaine de versions divers de ton père selon qui en parlera "). le pire c'est que plus elle approfondit ses recherches plus tout lui semble devenir confus et opaque. Et de ce passé singulier surgit dans la tête de Marta un personnage autonome qui reste totalement étranger à l'image du père qu'elle a connu. C'est pour cette raison, qu'elle nommera ce nouveau personnage, L.B. Dénoncé par un ex-ami de ses années militants, L.B. était-il un médecin humaniste innocent qui a simplement opéré un homme sans savoir qu'il était un des terroristes d'extrême gauche du mouvement armé "Prima Linia", qui fût blessé suite à un assaut où mourut " accidentellement " un garçon de dix-huit ans ? Ou cet homme, militant d'extrême gauche appelé par un ami terroriste à la rescousse savait exactement qui il opérait ? Où est la frontière entre humanité et criminalité ? Difficile d'en juger, surtout que l'histoire n'est pas objective dû à la distorsion de la mémoire.

Superbement bien écrit un livre intense où se croisent deux courants narratifs , le premier celle de l'écrivaine qui essaie de comprendre ses propres origines, retrouver sa place dans la vie à travers celle de son père,et de faire le deuil d'un homme difficile qu'elle n'a pas vraiment connu et qu'elle a mal aimé. le deuxième à travers recherches et documents , celui du climat politique et social incandescent de l'Italie des années 70 et début 80, auquel L.B. a activement participé bien que uniquement pacifiquement, essayant d'aider un prolétariat vivant et travaillant dans des conditions inhumaines . Une poursuite d'idéal, beau mais utopique, où l'hystérie du pouvoir et l'avidité matérielle de l'homme laissa très vite la place à la supercherie du siècle, et pas seulement en Italie ( Rien qu'à voir des intellectuels français qui ont soutenu le régime de Staline un des plus grands bourreaux de l'Histoire ). Ce qu'ils appelaient révolution pour l'égalité entre les hommes n'était qu'une autre forme du fascisme, encore plus oppressante Leur chef de l'époque le clown Brandirali passa d'ailleurs par la suite de l'autre côté, à droite. "Nous étions ignorants et c'était notre propre choix de le rester. La vérité n'avait pas grande importance. On avait besoin de mythologie , une lumière idéale à suivre" en disaient les ex-militants de "Solo per Popolo"pour se justifier. Mais le pire pour Marta Barone sera de ne pas comprendre le choix irrationnel de son père. Comment un homme aussi intelligent, un médecin à l'avenir brillant qui vénérait les études pût tout abandonner pour suivre un mouvement qui se révélera très vite oppressif, violent et destructeur ? Et malheureusement il n'est plus là pour y répondre.
Un livre très intéressant que j'espère attirera si non déjà fait, l'attention d'un éditeur français, car il vaut vraiment la peine d'être traduit et lu.

"Leonardo a eu la Vie qu'il voulait. Finalement il a toujours été là où il voulait être.
Il a continué à pratiquer la démocratie quand cela n'importait plus à personne, plus rien n'importait à plus personne ...Il a eu une vie brève, inachevée. Mais une vie que les anglais appellerait " a decent life ".





*"E sai anche che ci saranno almeno cento versioni diverse di tuo padre a seconda di chi parlerà.”
**“Sai… Leonardo ha avuto la vita che voleva. È sempre stato dove voleva, in fin dei conti. Ha continuato a praticare la democrazia quando della democrazia non fregava più niente a nessuno, quando non fregava più niente di niente a nessuno. La sua è stata una vita breve, da certi punti di vista, incompiuta. Ma è stata quella che in inglese chiamerebbero a decent life. Non mi viene in mente una traduzione che renda esattamente l'idea. Mi sembra che sia questo quello che conta.”
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