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Critique de Yaena


Vous est-il déjà arrivé de regarder un vol d'étourneaux et de trouver ça magique ? Ou alors de vous émerveiller devant un rapace planant au dessus de votre tête, d'une aurore boréale, d'un arc en ciel, d'une étoile filante… ? Et là paf une tête d'ampoule se ramène et vous donne l'explication scientifique de tous ces phénomènes. Loin d'être reconnaissant vous avez juste envie de la baffer façon Obélix pour avoir gâcher la magie et la poésie du moment. Donc quand un scientifique, astrophysicien qui plus est, invoque l'idée de redonner à la science la charge poétique qui lui manque, notamment afin de repenser le problème de la catastrophe écologique je suis tellement étonnée qu'il me faut lire cet essai !

Et j'ai bien fait ! Malgré quelques termes scientifiques et philosophiques un peu retors j'ai été agréablement surprise pas cette plume facile à lire et très compréhensible. Mais surtout j'ai été surprise des propos de l'auteur qui vont à l'encontre de ce que la plupart des scientifiques prônent. Il avance l'idée que toute avancée scientifique n'est pas forcément salutaire et que faire une chose juste parce qu'elle est faisable et/ou que c'est une prouesse technique est loin d'être un objectif noble. Il soulève également une question qui me semble centrale : Une découverte ne serait intéressante que si elle a un intérêt industriel ou marchand ? On en vient au coeur du problème : la science est désormais au service du monde économique. Telle qu'elle est pratiquée en occident elle manque d'âme, d'affect, en témoigne la banalité avec laquelle sont maltraités les animaux de laboratoire. (Je passe rapidement sur ce sujet sinon je vais m'énerver.)

Cette course en avant a fait de nous des êtres technodépendants et disons le de plus en plus pathétiques. Nous sommes dépendants d'une technologie qui n'est pas indispensable à notre survie et pire, qui hypothèque la survie de notre espèce et de toutes les autres espèces.

Dans la problématique actuelle liée au développement durable ce qui est demandé à la science c'est de nous permettre de continuer tel que nous le faisons plus longtemps. Produire une énergie propre pour nous permettre de poursuivre toutes nos activités industrielles, économiques, financières qui détruisent notre habitat. La fuite en avant énergivore montre que l'Homme ne se pose pas les bonnes questions et la science se retrouve otage de cela. « Le problème est moins la propreté de l'énergie que ce à quoi elle est destinée ».

Pour l'auteur, la science ne sauvera pas le monde en trouvant comment réduire les émissions de CO2 mais en proposant un autre chemin. Selon lui, notre science a besoin de philosophie, de poésie pour ne pas devenir quelque chose d'impérial et incontestable réduit à la technique et déshumanisée. le développement des avancés scientifiques ne doit pas nous échapper. La science ne peut plus continuer à être complice de l'artificialisation de notre monde et doit reconquérir son humanité, sa poésie, c'est à dire savoir faire corps avec le monde et pouvoir encore s'étonner devant celui ci.

Venons en au fait, qu'est ce donc que l'hypothèse K me direz vous ? Et bien c'est une vision de la catastrophe écologique qui nous menace et des propositions pour y faire face que je vous laisse découvrir. Et pourquoi ce nom ? Pour deux raisons : l'une scientifique, l'autre littéraire dont la démonstration est très intéressante. Mais il faudra lire pour en savoir plus.

J'ai dévoré cet essai audacieux et courageux entre science et littérature. Je me suis complètement retrouvée dans un grand nombre des idées exposées. Sur la question environnementale j'ai souvent l'impression que la vie même est sacrifiée sur l'autel de l'économie et du high tech et que faire du covoiturage ou cultiver ses carottes ne va pas changer grand-chose. J'ai la désagréable impression que l'avenir de notre planète est entre les mains de technocrates issus de grandes écoles qui ne savent plus ce qu'est la vraie vie : le chant d'un oiseau, l'ombre d'un arbre, le vent iodé porteur de promesses, la sensation de l'herbe sous les pieds nus et non pas un écran de PC, une grosse bagnole qui va vite ou le dernier tour appris par une IA. Alors voir ce cri du coeur porté par un homme de science ça fait du bien au moral même si reste à savoir s'il sera juste un tout petit peu entendu et écouté.
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