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Critique de Andromeda06


Il y a très très longtemps que j'ai envie de lire "Le cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates". J'adore le titre pour commencer, et la forme sous laquelle il se présente, et puis surtout l'action se déroule durant la période historique vers laquelle je reviens tout le temps. Il a eu un tel succès, je l'ai tellement vu passer, que j'attendais que ça se tasse, au point de l'avoir complètement oublié. Et c'est en en parlant avec une amie il y a quelques semaines (quelques mois plutôt) que je me suis rappelé qu'il prenait la poussière quelque part.

Alors me voilà partie sur l'île de Guernesey de l'après-guerre, faire connaissance avec les membres d'un club de lecture, club plutôt récent puisqu'il a été créé pendant la guerre et assez particulier puisqu'il a tout d'abord réuni des gens qui n'étaient pas particulièrement portés sur la littérature, voire même pas du tout pour certains.

Tout commence en Angleterre, en 1946, avec Juliet. Écrivaine, elle goutte au succès de son roman en effectuant une tournée harassante, et tout en correspondant avec son éditeur de Londres et son amie fidèle nouvellement écossaise. Alors qu'elle peine à trouver un sujet pour son prochain roman, Juliet reçoit une gentille lettre de Dawsey, qui vit à Guernesey. Ce dernier fait partie d'un club de lecture au nom intrigant : le Cercle des amateurs de littérature et de tourte aux épluchures de patates de Guernesey. de fil en aiguille, une correspondance va tout doucement se mettre en place, avec Dawsey d'abord, puis avec plusieurs autres membres du club. C'est là que Juliet va se rendre compte que les habitants de l'île n'ont pas vécu la guerre de la même manière qu'à Londres. Et si elle tenait là son prochain sujet d'écriture ? Et si son prochain roman portait sur l'Occupation allemande dans les îles anglo-normandes ?

Roman épistolaire du début à la fin, c'est toute la correspondance de Juliet que nous sommes amenés à lire, de janvier à septembre 1946. Des lettres qu'elle a écrites et reçues : de Sydney, son éditeur qu'elle considère comme le grand frère qu'elle aurait voulu avoir ; de Sophie, sa fidèle amie et soeur de Sydney, qui vit en Écosse ; de Dawsey, le premier membre du club à l'avoir contactée, un peu taiseux, un peu sauvage, un peu timide ; de Mark, grand éditeur américain tombé sous le charme de Juliet ; mais aussi de quelques autres membres du club, avec qui elle va créer un vrai lien d'amitié, comme Isola, Amelia ou Eben. À travers toutes ces lettres, où seront couchés les souvenirs de chacun, nous pourrons reconstituer les événements difficiles par lesquels ils sont passés pendant l'Occupation : séparations et privations, mais aussi arrestation et déportation pour certains.

J'ai beaucoup aimé suivre cette correspondance, où l'on s'attache petit à petit à l'ensemble des personnages (sauf un). Chacun nous touche à sa manière, en fonction de ce qu'il a vécu et de comment il l'a vécu. Personnalités solaire, frivole, plutôt terre à terre ou renfermée, chacun apporte à l'histoire son lot de fantaisie, de bienveillance et d'émotions. Il y a de belles relations entre eux, on sourit et on s'émeut tour à tour.

J'ai aimé les décors et l'ambiance, implantés dans un contexte historique qui prend de la place dans l'histoire des personnages. La fin de la guerre est récente, la reconstruction est à peine entamée, les rancunes ne se sont pas encore estompées, et les pertes des êtres chers sont encore trop récentes pour être moins douloureuses. C'est dans ces circonstances que Juliet récolte les témoignages, et l'on y ressent parfaitement cette atmosphère particulière, où les événements tout juste passés refusent de s'écarter devant des jours meilleurs.

Et comme tout est sous forme de lettres, la lecture se veut dynamique et douce tout à la fois. Je ne pensais pas lire ces 400 pages si rapidement.

Ce roman, tout en sensibilité et bienveillance, touche à des thèmes variés mais qui se rejoignent : après-guerre, reconstruction de soi, amitié et entraide, relations humaines, amour et bienfaits de la lecture. Il y a même une jolie romance, qui prend forme petit à petit (prévisible mais toute mignonne). Certains passages peuvent être émouvants, d'autres au contraire ont tendance à donner le sourire. J'ignore si l'expression "feelgood historique" existe, mais je trouve qu'elle correspondrait très bien à ce livre. Je viens de passer un joli moment de lecture.
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