AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Sayuki74


En 1990, Bartabas rencontre Pina Bausch la danseuse et chorégraphe et lui présente Micha Figa, à la robe de soleil et de lune et entre ces deux-là va se nouer un lien très fort, une intimité va se créer par la médiation des corps, celui de la danseuse, celui de l'animal ; de ces deux solitudes, de ces deux sensibilités devait naître un spectacle à Avignon, qui n'aura pas lieu.

Avec Un geste vers le bas, Bartabas nous offre le récit de cette rencontre émouvante, de ce lien puissant,sans concession, de cette compréhension immédiate entre deux êtres, humain et animal, une connexion magique, qu'il nous restitue avec délicatesse et poésie.

Appréciant Pina Bausch et fascinée par les chevaux, une lecture qui m'a emportée et remuée.

"La nuit s'enfonce entre leurs deux solitudes, et je me dis qu'une fois de plus l'aube emportera leur confidence.
C'est alors que surgit un éclair de danse ; l'espace d'un regard, je l'ai vue s'envoler comme un enfant s'envole, par la grâce de l'innocence.
Elle se déplie et s'étire avec l'aisance d'un courant d'air. Micha Figa, tendu jusqu'au bout des oreilles, ne la quitte pas des yeux. Un très léger tremblement de peau parcourt son corps en apnée. La danse doit naître sans vanité, elle n'a pour fin que de créer un état. Tout son être semble se mouvoir par lui-même avec une acuité, une vivacité, une violence qui évoquent la transe. On ne peut plus dire si elle est encore là ou bien ailleurs. Elle suit le trajet de ses membres d'une articulation à l'autre comme si ses bras, ses coudes, ses épaules et ses hanches ne lui appartenaient pas. Ses yeux mi-clos observent son propre corps dansant, des gestes sans rature qui me mettent un frisson.
Et d'un coup elle s'effondre plus qu'elle s'accroupit, assise sur ses talons, le visage incliné, les bras repliés et ses deux mains sur la nuque. La nuit s'est figée.
Micha Figa s'est approché. Il attend, car il a la patience des bêtes. Il veut veiller sur elle.
Son regard la traverse comme s'il pouvait voir son coeur en transparence. Il se passe tellement de choses en elle. Un récit se révèle ici sans qu'un mot soit prononcé."

Commenter  J’apprécie          70



Ont apprécié cette critique (7)voir plus




{* *}