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Critique de Luniver


« Sur un bateau, il y a 26 moutons et 10 chèvres. Quel est l'âge du capitaine ? » Cette question, vous l'avez sans doute déjà entendue comme une blague. La question a pourtant été réellement posée dans un questionnaire à grande échelle. La réponse attendue était une variation de « Il n'y a pas assez de données pour répondre à cette question ». Pourtant, une large majorité des élèves de cours élémentaire fournissaient une réponse sous forme de calcul (généralement 26+10, puisque 36 ans semble un âge raisonnable pour un capitaine), et encore presque la moitié des élèves du cours moyen.

Coup dur pour les mathématiciens : après tout, cette science est réputée comme la plus rigoureuse, la seule capable de délivrer des résultats d'une certitude absolue grâce à des enchaînements logiques irréfutables. Comment accepter donc que pour une bonne partie des élèves, les mathématiques sont une discipline sans queue ni tête, dans laquelle des moutons additionnés à des chèvres donnent des âges ?

Si le sujet m'intéressait beaucoup, j'ai trouvé le propos du livre terriblement confus. L'auteure commence un chapitre par des considérations théoriques de trop haut niveau (philosophie du langage, concept de vérité), puis passe à des exemples concrets de copie d'élèves pendant des dizaines de pages. Puis plus rien : chapitre suivant. À vous de tirer les conclusions qui s'impose sur ce qui ne fonctionne pas et ce qui devrait être fait en pédagogie. Pour être un peu meta, j'imagine l'auteure rayer à grands traits rouges les corrections de ses collègues : « dangereux », « humiliant », « ne se préoccupe pas des problèmes concrets de compréhension de son élève », etc.

Les exemples sont pourtant très frappants : on observe de véritables régressions dans les copies d'élève qui, après s'être pris des remarques cinglantes dans des devoirs qu'ils avaient pourtant intuitivement bien compris (même si les mots employés n'étaient pas assez précis et pas assez mathématiques), n'osent plus rien faire, ou s'accrochent désespérément à une formule « magique », quitte à l'appliquer partout, même là où il ne faut pas.

Car « magique » est finalement le mot. Beaucoup d'élèves ne comprennent pas les définitions ni les théorèmes, qu'ils apprennent par coeur pour s'en débarrasser une bonne fois pour toute au prochain devoir. Ensuite, il suffit d'apprendre et d'appliquer les règles, qui changent tout le temps selon le sujet :
√a⸱b = √a · √b, mais ln(a·b) = ln(a) + ln(b), tandis que pour sin(2x), on se lâche avec un 2·sin(x)·cos(x)
Et lorsque vient un texte, l'élève n'est pas dupe : on ne lui demande généralement que d'appliquer une des formules qu'il vient d'apprendre. Quand on leur demande leur avis, les enfants trouvent le problème stupide. Mais ils appliqueront une formule quand même, si ça peut faire plaisir à leur professeur et leur valoir une bonne note.
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