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Critique de la_plume_francophone


Iman Bassalah, Profs Academy
« le prof est un schizophrène de profession, je crois… »
Par Virginie Brinker

Lorsque l'on commence à lire l'ouvrage d'Iman Bassalah, on est d'abord saisi par une plume vive, enjouée, impertinente et drôle : Iman Bassalah est une prof de son temps, portant un regard à la fois lucide et tendre sur son métier, un métier qui a indéniablement bien changé.

Au-delà de la structure un peu prétexte de l'ouvrage (les récits enchâssés de 8 jeunes trentenaires pendant leur année de stage avant leur titularisation, comparés aux académiciens de la célèbre émission de télé), on se laisse séduire par des formules espiègles et lapidaires, touchant aussi bien au jargon Educ Nat « on signe un procès-verbal d'installation. Car ça y est, on habite chez l'Etat », qu'au pastiche banlieusard au sens positif du terme « Wesh-Wesh land » (p. 35). de ce point de vue la retranscription du dialogue de deux jeunes qui attendent devant le ciné pour Miami Vice est simplement savoureuse .

« Les profs et les élèves (jeunes en situation de classe) »
Ce goût de la formule, quasi-médiatique ou publicitaire parfois, innerve le roman : « Mes élèves sont des probos, des « prolos-bohèmes ». Ils veulent travailler leur côté « bohèmes » en gardant leur côté « prolo » revendiqué dans le quartier ». le titre du chapitre « Dark Tchador à l'école des fans ou le communautarisme des enfants » (p. 118) en est aussi un bel exemple.
Il s'agit sans doute à travers l'importance de la télévision dans le livre de signifier de façon enfin décomplexée que la culture est partout, de Montaigne à NTM, des penseurs grecs à la Star Ac' ; mais aussi de questionner la notion de « représentation », d' « image ». Quelle image, à grands coups de raccourcis, se fait-on des profs ? des jeunes dits « de banlieue » ? des jeunes dits « issus de l'immigration » ? Pourtant, on peut regretter que la verve de l'auteur se mette parfois au service de la caricature facile, comme dans la description de la formation IUFM reçue par les stagiaires (p. 31 et suivantes), car elle est tellement plus efficace lorsqu'il s'agit de bousculer les stéréotypes, comme dans la saynète où des collègiens de banlieue supplient leurs profs d'apprendre à chanter la Marseillaise « car ils en avaient assez de se faire narguer par les petits frères qui la chantaient du soir au matin, l'ayant apprise en entier à l'école, alors qu'eux ne connaissaient que le premier couplet »…, même si dans ce dernier exemple l'ironie à l'encontre du gouvernement n'est pas loin. Autre exemple édifiant : le commentaire de copies d'élèves sur le sujet « Qu'est-ce qu'être français ? » : au fil de réponses disparates, incongrues, profondes, désespérantes, émouvantes, l'auteur croque le portrait d'une jeunesse multiple et inattendue, dans laquelle chaque collègue d'établissements dits « sensibles » reconnaîtra ses multiples élèves.


Lien : http://la-plume-francophone...
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