AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Ziliz


Ziliz
02 février 2014
Créés par la 'Loi d'orientation et de programmation pour la Justice' (loi Perben, 2002), les premiers établissements français pénitentiaires pour mineurs (EPM) ont été ouverts en 2007. "Les EPM ont été pensés comme de véritables 'prisons-écoles', avec, à la clef, des projets éducatifs personnalisés".
La réalité est évidemment moins rose, les conditions de détention ressemblent à s'y méprendre à celles des quartiers pour adultes.

Bast a été animateur d'ateliers de bande dessinée auprès d'adolescents incarcérés dans ce type de structure.
Dans cet album, il rend compte de cette expérience avec une grande finesse. Il s'efface, on l'entend mais on ne le voit pas, lui. Observateur, accompagnateur, il écoute et parvient à gagner la confiance de ses "élèves", par le dessin et la parole.
On découvre ces jeunes gens à travers le regard honnête, tendre et émouvant, qu'il porte sur eux. Des faux durs qui font de l'esbroufe mais qui sont encore des enfants, à bien des égards. Certains ont bousillé leur vie en "dérapant", d'autres sont/seront récidivistes, parfois issus d'un environnement délinquant et délétère. Ils seront pour la plupart transférés dans des quartiers pour adultes, une fois majeurs.

Témoignage passionnant, poignant et parfois teinté d'humour. Il est étayé de quelques faits et chiffres éloquents sur les établissements pénitentiaires en France - surpopulation, vétusté des structures, barbarie de l'architecture intérieure, dépersonnalisation : "surveillants remplacés par des caméras, bips et badges, couloirs ressemblant à des sous-sols de parking, absence de liens sociaux..." (p. 83)

La préface de Dominique Simonnot (journaliste spécialiste des affaires judiciaires) présente brièvement les interventions d'adultes-éducateurs dans les EPM.
En postface, Gabi Mouesca (ancien président de l'Observatoire international des prisons) dénonce l'aberration de ce système pénitentiaire pour mineurs : "La persistance de la prison pour enfants dans notre société est une des plus grandes indignités dont nous nous rendons encore coupables en ce début de XXIe siècle. Il s'agit d'un renoncement à des principes de civilisation ; un enfant délinquant est avant tout un enfant qui a 'mal à sa vie'. Un enfant délinquant est un adulte en devenir."
Commenter  J’apprécie          190



Ont apprécié cette critique (16)voir plus




{* *}