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Critique de Bobby_The_Rasta_Lama


"Il est amer et doux, pendant les nuits d'hiver,
D'écouter, près du feu qui palpite et qui fume,
Les souvenirs lointains lentement s'élever
Au bruit des carillons qui chantent dans la brume."
("La cloche fêlée")

Rien de tel, en cette saison sombre et morose, que de se fourrer sous un plaid péruvien 100% lama alpaga, avec un thé russe noir comme le ciel à midi, et un livre de poésie française !

"Les fleurs du Mal".
Baudelaire brutal, Baudelaire sentimental, Baudelaire cynique, Baudelaire si typiquement baudelairien !
La rock star de ma puberté difficile, le poète maudit.

On trouve du tout, chez Baudelaire. L'amour de la vie, fascination par la mort; les éloges de la beauté mélangés avec les images funestes de "vanité, vanité, tout n'est que vanité..." L'enchantement par la laideur, qui, à votre grand étonnement, vous enchante tout autant.
Vous vous attendez à sortir de cette lecture plein de spleen, mélancolie, et à deux doigts de la dépression, mais non - ça vous aide juste à trouver un certain charme à ce monde si merveilleusement immonde.
Baudelaire ramasse les saletés dans la rue et vous les jette à la figure. Il enfonce son talon dans les charognes. Il magnifie la douleur et la petite vertu.
C'est alors compréhensible que la société prude de l'époque n'a pas pu réagir autrement que par le rejet. Opiomane endetté et incompris, syphilitique souffrant le martyre... rebelle et poseur ?
Malgré mon amour pour Baudelaire, la question me taraude. A quel point ses poèmes sont un véritable miroir, et quelle est la part de "l'art pour l'artisme" dans tout ça ? Serait-il possible que...
Quelle idée ! Ca vous glace les os et vous avez presque peur de tourner la page. Va t-il encore défier votre cynisme sur une note sinistre, ou fera t-il vibrer la corde mélancolique ?
"La musique, parfois, me prend comme la mer !"

De nos jours, c'est devenu presque une norme littéraire de donner des coups de pied dans un nid de guêpes. Baudelaire a déjà payé l'amende. Mais ce n'est certainement pas la seule raison pour laquelle on se laisse toujours séduire par ces poèmes. Beaucoup d'écrivains peuvent caresser la vie à rebrousse-poil, mais combien ont cette étincelle sombre qui est dans Baudelaire ?

Donc, lisez "Les fleurs du Mal", et après, donnez moi une définition de la beauté, je vous en prie...
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