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Critique de Sharon


Il n'est jamais facile de chroniquer un livre que l'on n'a pas totalement aimé. Les indomptées est de ceux-là. Ce livre devrait pourtant plaire, saga d'une famille attachée à transmettre ses terres à l'un de ses descendants, pour que la propriété terrienne reste inchangée, exploitée quels que soient les coups du sort, à charge pour lui de dédommager ses frères et soeurs, ce qui ne va pas sans difficultés (matérielles) ni conflits. Telle une royauté (nous y sommes paraît-il très attachée), le domaine se transmet de père en fils ainé. Les filles ne sont guère prisées. Comme dans les familles les plus modestes, on ne s'attache guère à elles, puisqu'elles sont destinées à être mariées très tôt, quittant ainsi le domaine sans rien lui apporter. Comme dans les familles les plus modestes, on ne leur demande guère leur avis, et très rapidement, elles doivent s'occuper d'une nombreuse progéniture, sans que jamais l'une d'entre elles ne se plaignent. Aussi, il est pour le moins surprenant de suivre, en alternance avec les chapitres qui nous plongent dans le passé, les destinées de trois cousines célibataires ou divorcées, trois cousines qui, pour des raisons diverses, ont refusé les voies toutes tracées.
Gabrielle, et ses cousines Noélie et Julienne, se sont singularisées dès leur jeunesse, la première par sa volonté de prendre le voile, la seconde par sa singularité (fille au milieu d'une nombreuse fratrie, peu sont ceux qui font réellement attention à elle), la troisième parce qu'elle est la dernière née, inattendue. Malgré leur âge et les épreuves, il restera toujours un frère, un neveu pour s'opposer à leurs décisions – solidarité masculine bien ancrée dans leur éducation. Bien que nous les connaissions toutes les trois depuis leur enfance, je ne me suis réellement attachée à aucune d'entre elles, non plus qu'à d'autres membres de leurs familles, sauf peut-être Jorge, le fils « différent » de Julienne. Ils sont nombreux, les Randan, et l'arbre généalogique placé en début du livre n'est pas de trop quand il s'agit de se reconnaitre. Ils sont nombreux, et pourtant ils ne se singularisent pas réellement les uns des autres. Ils sont nombreux, et pourtant, mis à part quelques figures fortes, ils s'estompent tous assez aisément du récit, leur vie étant presque souvent résumés. Et pourtant, j'aurai aimé que le destin de certains (Edouard, Paul ou même Victor) ne soit pas connu en un simple paragraphe. Les descriptions, par contre, sont belles, de la nature et de ses changements, du soin donné aux animaux. Des moments apaisés dans une intrigue qui ne m'a pas vraiment captivée.
Parfois, j'ai eu l'impression de lire des passages obligés – le départ aux pensionnats pour les jeunes filles de bonne famille, l'achat de la première auto, et toujours cette distinction des garçons pour lesquels on s'inquiète, et des filles qui peuvent bien se blesser. Des photos – faits inédits – accompagnent le récit et cela m'a presque dérangé, non parce que l'identité des personnes est incertaine, mais parce qu'elles prouvent que ces personnes ont bien existé, et je n'ai pas aimé rentré dans leur intimité (même si ce sont des photos posées comme elles l'étaient à l'époque).
S'il est de beaux moments et si la deuxième partie du roman est plus intéressante à mes yeux que la première, je garde pourtant le sentiment que cette saga familiale aurait pu être davantage développée, ou qu'ils auraient réellement fallu ne se concentrer que sur les trois héroïnes de l'époque contemporaine.
Lien : https://deslivresetsharon.wo..
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