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Citations sur Les indomptées (8)

Trouver le courage de vivre, c'est un art qu'elle connaît bien, songe-t-elle., n'y a-t-elle pas employé toute son existence ?
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De son écriture fine, penchée, d’un autre siècle, Noélie reporte dans le registre les dernières dépenses du foyer dont elle constitue l’un des quatre membres – et sans nul doute le plus actif, puisque non seulement elle s’emploie à en préserver l’équilibre par ses talents de gestionnaire, mais elle contribue aussi à sa subsistance à proprement parler, cultivant le potager en dépit de son âge avancé – quand un tremblement secoue l’air, accompagné d’un vacarme de planches brisées, de moteurs emballés et de cris indistincts.
Elle se lève et va ouvrir la fenêtre d’où l’on peut embrasser du regard le rosier grimpant, les arbres centenaires, un tronçon de charmille et les massifs qui ponctuent, tels une bouche et des yeux de couleur, la pelouse centrale en forme d’œuf, à temps pour voir surgir du portillon, à l’autre extrémité, la grande silhouette de son neveu, dont les lèvres s’étirent et se referment sur l’un des rares mots qu’il daigne, ait jamais daigné, prononcer : Taaa-tie ! Taaa-tie !, car, il a beau avoir plus de cinquante ans, il n’est rien d’autre qu’un enfant – un enfant timide, empoté de surcroît.
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La mort agissait souvent dans les familles comme une réaction chimique, révélant les conflits latents, faisant exploser le mélange détonant. Quelques gouttes mal dosées, et voilà qu'était anéantit le travail d'une ou plusieurs vies.
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Mêlées aux aboiements des quatre chiens formant son éternel cortège – quatre bâtards perdus ou peut-être abandonnés, en tout cas soignés et apprivoisés par le quinquagénaire –, ces uniques syllabes produisent à présent assez de bruit pour parvenir aux oreilles de Gabrielle, la doyenne, qui souffre pourtant de surdité ; aussi, détournant la tête de son ouvrage en tricot (un burnous destiné à un arrière-petit-neveu dont on n’a jamais vu que la photo), elle demande à sa cousine de quoi il s’agit exactement. Trop tard : Noélie s’est engouffrée dans l’entrée et réapparaît déjà à l’extérieur, menue dans son pantalon et son pull-over, le crâne surmonté d’un chignon blanc pareil au poing d’un marionnettiste qui la maintiendrait bien droite.
Taaa-tie ! Taaa-tie ! continue de crier l’homme, un bras tendu vers le portillon dont les croisillons découpent en figures géométriques le chemin et les bâtiments de ferme, ainsi que la petite route au-delà, si bien que Noélie doit multiplier les injonctions au calme avant de le précéder vers l’origine du vacarme, l’une des deux étables, plus précisément la grange dont elle est coiffée. Au pied de la rampe qui mène à celle de droite, un tracteur ronfle devant son chargement de foin, et l’on entend à l’intérieur du bâtiment des voix reconnaissables à leur accent et à leur timbre : celles de Roger, le fermier, et de ses deux fils trentenaires qui lui apportent volontiers de l’aide aux périodes de gros travaux, labours, moisson, ensilage ou encore fenaison, comme en ce mois de mai 1987.
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Elle qui était habituée à seconder, stimuler, soutenir ceux qu'on appelle les représentants du sexe fort par manque d'imagination ou par convenance, à tort donc puisque depuis la nuit des temps, ce sont les femmes qui transmettent, préservent, réconcilient - non les hommes, attirés par la fureur et la sang, comme du fer par un aimant, fascinés par ce qui divise, déchire, anéantit inexorablement.
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Alors elle se demanda si c'était cela, la vie. Si c'était là ce qu'elle faisait : vous rattraper au moment où vous ne croyiez plus à rien et vous saisir, vous soulever, vous porter. Et l'attirance - l'amour peut-être -, c'était cela aussi ? Non un envoûtement, une palpitation du cœur, une pulsation de toutes les veines, mais le calme, l'assurance d'un horizon libre, d'une route aplanie, d'un voyage confortable ?
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Tant de termes inconnus auraient pu rebuter la fillette, et tant de tâches matérielles précipiter le Livre - objet divin qui l'avait guérie de l'angoisse et de sa solitude intérieure - au bas du piédestal sur lequel elle l'avait placé [...] ; or ils ne firent que le magnifier, ajoutant à l'étrange alchimie qui se développe entre l'auteur et son lecteur (et dans une autre mesure entre l'auteur et son oeuvre) des arcanes moins savants et cependant tout aussi envoûtants, mystères d'engins furieux, bruyants, rapides, célébrés en une cérémonie solennelle au moyen du savoir, de la sueur et de la concentration.
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Tout récit étant subjectif par nature et ne proposant qu'une version de la réalité, autant valait raconter les épisodes tels qu'ils auraient "dû" se produire si les êtres avaient été dotés d'un peu plus de poésie.
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