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Critique de Patsales


Vous avez aimé "Zazie dans le métro"? Vous adorerez Farah in Arcadia. Même gouaille, mêmes ambiguïtés sexuelles et textuelles, même joie à jouer sur et de la langue, même amour de la liberté, même trouble identitaire, même manque de fiabilité des adultes, même insolente modernité...
J'ai gloussé de rire une bonne partie du roman, tout en me doutant que ça n'allait pas durer: on le sait, "ego in arcadia" dit la mort, il n'est de monde rêvé qui ne déçoive.
Farah vit donc en utopie, au milieu d'une nature préservée, jouissant de la bienveillance généralisée des adultes, comblée de livres et de sexe... Généralement, les romans d'éducation nous invitent à une austère émancipation: Candide doit quitter le beau château de Thunder-Ten-Tronck et découvre l'horreur du monde, il ne se consolera que très médiocrement à cultiver son jardin. Pour Farah, si le monde idéal de l'enfance se fissure - et pas qu'un peu -, si elle devient adulte en découvrant les vertus du compromis (mieux vaut des idéalistes petits-bourgeois que pas d'idéalisme du tout), c'est pour s'affranchir de toute limite: nous avons pouvoir sur tout, rien ne nous détermine et surtout pas notre corps, et ce fichu monde idéal, il est hors de question de nous dire qu'il n'existe pas, parce qu'on va le construire, et fissa!
Et comme la liberté demande à se défaire de tout genre assigné, ce liv/bre n'est pas tout à fait un roman et navigue entre conte philosophique et centon, actualité brûlante et sagesse antique, oralité débridée et écriture ciselée.
"Mon héritage est là aussi, dans la certitude que l'infraction doit primer sur la norme, dans la conviction qu'il ne peut y avoir de vie qu'irrégulière et de beauté que monstrueuse. Je suis née pour abolir l'ancien testament, qui a toujours légué le monde à ceux qui avaient déjà tout, reconduisant éternellement les mêmes dynasties dans leurs privilèges exorbitants. La guerre des trônes n'a pas eu lieu, elle n'a été qu'un simulacre, un jeu de chaises musicales, un échange de bons procédés entre nantis, qui excluait toujours les forçats de la faim, les captifs, les vaincus – et bien d'autres encore."
Encore.
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