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Critique de fuji


Ah ! préférons cette chimère
À leur froide moralité
Après Arcadie, l'auteur continue de creuser le sillon de la transsexualité dans La Treizième Heure, et par la fiction elle nous offre l'oeil de l'arbitre sur un court de tennis où le troisième joueur attendrait d'entrer dans le jeu pour affronter le gagnant du premier simple.
Dans cette communauté queer et millénariste Farah raconte son parcours, récit auquel Lenny, le père donnera sa version ainsi que Hind sa mère. Raccourci volontaire car les liens de ce trio sont beaucoup plus complexes.
Lenny se nourrit de poésie et le premier acte d'indépendance de Farah est de lire le plus de romans possible.
« Moi qui bois ses paroles et obéis à toutes ses injonctions, je me suis pourtant promis de lire tous les romans, et tant pis si c'est mission impossible : je sens bien qu'il faut que je me gagne un espace de liberté — car l'inconvénient d'avoir un père extraordinaire, c'est qu'il est à la fois omniprésent, insurpassable, et tyrannique à son corps défendant. »
Dans cette communauté on y célèbre la différence, les familles composites et tout ce qui diffère de la sacro-sainte norme.
Farah est aussi fascinante que dans Arcadie mais en même temps elle est plus sombre, sa quête est portée sur ses origines plus que sur son identité, car elle s'assume et finalement cette communauté l'enrichit, elle approfondit et oscille en permanence entre mauvais esprit et lucidité, ce qui met l'accent sur la complexité ou la simplicité à accepter la différence.
L'auteur par la profondeur et l'humour qu'elle met dans ses romans, nous offre une multiplicité de regards et offre une formidable fenêtre sur un monde qui change sans que nous puissions arrêter ce mouvement perpétuel.
Les bouleversements du monde nous pouvons les accompagner ou les rejeter, mais ils se feront.
Cela signifie-t-il la fin du monde ?
Peut-être seulement un monde plus juste s'il intègre la diversité.
C'est aussi un livre qui rend un merveilleux hommage à la littérature :
« Car l'humanité peut bien allée à sa perte, tant que j'aurais mes livres, je m'en soucierai somme toute assez peu. »
Je me suis posé une question qui reste sans réponse à ce jour, le nom de cette communauté est-il un clin d'oeil au titre du quatrième volume des mémoires d'Élisabeth de Gramont ?
Je trouve le travail d'Emmanuelle Bayamack-Tam remarquable car elle réussit à mettre en scène des personnages forts avec une somme de connaissances sur le sujet sans lasser, la lecture se fait avec un intérêt soutenu. Impression qui s'est confirmée alors que je pensais que ce n'était pas un sujet pour moi, ma génération.
L'écriture est belle car elle joue sur plusieurs registres, la poésie, l'identité des protagonistes, la culture et l'humour, notamment dans le titre des chapitres.
Faire ressortir la force sans masquer les faiblesses, mettre au jour la multiplicité des êtres dans le monde mais dans aussi la multiplicité dans l'unicité.
Lu dans le cadre du Prix Landerneau 2022.
©Chantal Lafon
https://jai2motsavousdire.wordpress.com/2022/10/08/la-treizieme-heure/

Lien : https://jai2motsavousdire.wo..
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