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Critique de CeluiQuiBaille


La préface de cet ouvrage commence en ces termes : « Il est difficile de parler de Demain la rage ». Répété tel un mantra au long de ce petit texte, j'ai d'abord cru à une exagération. Et, après (double) lecture, est venu le temps pour moi d'écrire cette chronique. Aussi me permettrai-je de paraphraser sans vergogne Justine Niogret : il est, en effet, bien difficile de parler de Demain la rage.

D'extérieur, c'est une belle et simple BD, une couverture sublime qui accroche l'oeil avec son fin noir et blanc et sa géométrie, le jaune poussin qui tranche et ne vous laisse pas partir. À l'intérieur, l'histoire est, à mon sens, plus racontée par le dessin, le découpage de l'histoire et des planches plutôt que par le texte. Malgré le peu de texte et la facilité à plonger dans les planches, ce n'est pas une histoire simple à lire et à comprendre. La temporalité est volontairement non linéaire, ce qui ne me dérange pas du tout au contraire, mais peu perturber. C'est à la fin, avec un peu de recul que l'on peut faire attention à tel ou tel détails et remettre les pièces du puzzle dans l'ordre.

Demain la rage. Tous les mots sont importants dans ce titre. Maîtrise maintenant, explosion plus tard. le refoulement. Qui n'a jamais intimement connu ce concept, cette bête, cet étouffement, cette lutte ? le cas décrit dans ces pages est évidemment extrême tout en étant malheureusement tristement banal. Cela ne m'a pas empêché d'être happé, étouffé par certaines planches. Certaines images sont dures, à l'image du trait de dessin : acéré, noir. le protagoniste n'est définitivement pas un héros, c'est même un fieffé salaud. Il n'est pas porté sur un piédestal, ni pris en pitié, il devient l'objet du propos, une illustration factuelle. On peut y voir beaucoup de choses, l'avantage de ce type de narration, c'est que la pierre finale d'interprétation sera apportée par le lecteur et personne d'autre. Qu'y verrez-vous ?

Il m'est difficile de mettre des mots précis sur ce trop court et violent voyage qu'est Demain la rage. J'ai pris une baffe visuelle, mentale, je n'ai pas tout compris au départ et pourtant, j'y suis retourné avec plaisir. Malgré une certaine poésie, l'histoire n'est pas belle, et pourtant, elle l'est bien un peu, elle est violente, elle laisse un arrière-goût amer en bouche, un goût de fatalité fielleuse, elle laisse un parfum d'épique SF qui peine à couvrir l'odeur nauséabonde d'un fumier salement humain. Et pourtant, elle m'a plu.

Un grand merci à Babelio pour cette opération Masse Critique, un énorme merci aux éditions Bubble et surtout à Nicolas Bazin pour cette histoire.
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