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Critique de Ziliz


Lire ce 'Cadavre exquis' revient à regarder jusqu'au bout une vidéo de L214, sans baisser les yeux. En transposant un tout petit peu : les animaux entassés, détenus en cage et abattus ici ne sont ni des porcs, ni des volailles, mais des hommes, des femmes, des enfants humains.
On les appelle des 'têtes' et on leur a coupé les cordes vocales, histoire de vaincre les résistances des consommateurs les plus sensibles :
« Certains mots dissimulent le monde. Il y a des mots convenables, hygiéniques. Légaux. »

Dans cette histoire de cannibalisme organisé, l'exploitation de l'homme par l'homme, poussée à son paroxysme, perturbe à plus d'un titre.
D'abord parce qu'elle pose la question de la hiérarchisation entre humains - qui existe déjà (cf. organisation du travail à l'échelle mondiale, prostitution, sort des plus précaires…).
Ensuite parce que toutes les pratiques relatées ici ne sont que la transposition du sort subi par les animaux, pour la recherche, les loisirs et évidemment la consommation de viande (le nec plus ultra étant la chair vivante ou celle de 'petit'). Cet aspect montre d'ailleurs à quel point la bouffe qu'on nous vend est malsaine et trafiquée - mais ça, ça serait presque un détail tant le reste du propos interpelle.

D'abord parasitée par les ressemblances entre cet ouvrage et 'Dîner secret' (Raphael Montes), j'ai de plus en plus admiré la plume de l'auteur, son talent pour nous plonger dans ce portrait immonde d'une société en dérive et nous rendre le personnage central terriblement touchant dans ses ambivalences.

« Après tout, depuis que le monde est monde, nous nous mangeons les uns les autres. Quand ce n'est pas symboliquement, nous nous dévorons littéralement. La Transition nous a offert l'opportunité d'être moins hypocrites. »

Merci Babelio, merci Flammarion pour cette découverte en avant-première !
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