AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de rene6344a16


Pourquoi ce livre?

Expérimental dans sa forme (l'éditeur le présente, en quatrième de couverture, comme un « tweet documentaire »), ce livre dresse de manière singulière le portait d'une inconnue, Madeleine, en reproduisant les dizaines de tweets que la journaliste Clara Beaudoux a publiés en novembre 2015 et en février 2016. Madeleine, qui a habité le même appartement parisien que la journaliste, a laissé à son décès des cartons remplis d'objets, de photos et de carnets, cartons que la nouvelle locataire a explorés avec curiosité et passion durant deux ans, avant de créer le #Madeleineproject.

Un premier aspect qui m'a plu :

L'idée de rendre publiques des archives personnelles, des fragments de mémoire, au moyen d'un média de masse, surprend : Twitter n'est-il pas le média de l'instantanéité ? La publication sous forme de livre du #Madeleineproject prend le relais des tweets et inscrit l'histoire de Madeleine dans une certaine pérennité et par le fait même, renforce la valeur symbolique du livre. Ici, loin d'ébranler les fondements de la littérature, Twitter vient plutôt la nourrir. Et ce qui peut être perçu comme une aventure technologique, en marge de la culture traditionnelle, vient en fait renforcer la fonction culturelle du livre.

Un second aspect qui m'a plu :

L'organisation du texte sous forme de reproduction de tweets induit un rythme de lecture rapide, fait d'interruptions et de reprises : la majorité des tweets sont constitués de photos commentées par de courtes phrases de 140 caractères maximum. Toutefois, l'intégration de vidéos aux statuts Twitter nécessite parfois l'utilisation d'un support informatique en parallèle, ce qui offre une expérience de lecture unique, à mi-chemin entre la lecture traditionnelle et l'expérience multimédia. Une manière ingénieuse pour Clara Beaudoux de faire rimer art et journalisme!

Un aspect qui m'a moins plu :

Autant la contrainte des 140 caractères peut être stimulante pour un auteur, autant elle a ses limites : les quelque 500 tweets qui parlent de Madeleine, qui montrent ses objets et ses souvenirs, échouent à décrire la psychologie du « personnage » et ses émotions (ce que le roman ou la biographie peuvent faire avec grande finesse, par exemple). le choix de Twitter comme outil pour diffuser les archives de Madeleine oblige l'auteure à décrire des faits de manière souvent succincte et fragmentée. Bref, bien qu'intéressant sur le plan formel, le #Madeleineproject s'essouffle justement à cause des contraintes.
Commenter  J’apprécie          20



Ont apprécié cette critique (2)voir plus




{* *}