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Critique de LoupAlunettes





: "Et chaque dimanche, le boulanger ne pouvait s'empêcher de dire: - Vous voyez, mes compagnons, c'est ça le bonheur.
Travailler sereinement la semaine pour gagner notre pain, puis partager le dimanche de délicieux croissants devant ce magnifique paysage..."
Un bonheur simple du quotidien dominical, pas vrai, jeunes lecteurs?
Un repos bien mérité sans doute.

Nous aurons envie de sourire devant cette description agréable et banal du quotidien, nous sourirons parce que le bel horizon et son moulin, les délicieux croissants sur la table seront de bois.
Ah?
Le style graphique de Yannick Beaupuis offrira aux lecteurs un décalage amusant, savoureux, bien que rustique dans ses tons marrons il sera très ludique.
Les illustrations reproduiront avec réalisme des scènes arrangées de poupées de bois sculptées, copiant les hommes, les terres labourées paraitront de carton.
Fortiche! Superbe, l'auteure-illustrateur aurait pu jouer la facilité des photos. Quel talent.
Ceci permettra aussi de ne pas prendre le sujet trop au sérieux et d'accorder à l'histoire une distance divertissante pour un jeune public, comprendra t-on.
Et l'histoire dans tout ça?

Il sera bon en effet de jouer pour le caractère léger sur l'image en effet car nous parlerons d'industrialisation, de surproduction au travers d'une sorte de conte paysan pour enfants.
Alors qu'un groupe d'amis profitaient du plaisir de bien passer le temps devant de délicieux croissants les choses vont changer radicalement: la demande exceptionnelle du Prince du coin viendra changer le ton de ce rendez-vous et la raison.
Les croissants étaient un petit plaisir gourmand pour le dimanche, récompensant chacun.
Le meunier, le bûcheron, le paysan, l'apiculteur et le boulanger, qui profitaient d'une collaboration tacite à leur réalisation vont se trouver collaborateurs finalement d'une nouvelle entreprise et bien plus occupés pour honorer des commandes.
N'est-ce pas une bonne chose puisqu'ils ont du travail, me demanderez-vous?

Ils gagnaient fort bien leur vie, en effet depuis, mais n'avaient plus le temps de se réunir tranquillement comme d'accoutumée, pour souffler, profiter les uns des autres et du temps qui passe en fond de décor. Forcément, on est bien plus fatigué.
Le plaisir deviendra lourde charge avec les ambitions du Prince: demandant des livraisons de croissants pour lui-même tous les matins (un honneur), puis pour ses voisins par la suite en plus ( pour les revendre).
Oui mais qui va travailler d'arrache-pied pour que ce négoce travaille la bonne image du Prince?
Vous saisissez?

Un deuxième problème se posera, surtout lorsque l'on prendra plus que de raison avec Mère Nature: les réserves viendront à s'épuiser ( nous aurons en tête par exemple les stratégies paysannes des temps anciens, avec des terres qui travailleront, d'autres qui profiteront pour se revigorer en jachère ( on laisse la terre pousser sans la cultiver)).
Et ça sera la brouille entre les vieux amis quand le bûcheron aura couper tous les arbres de la forêt, que les abeilles de l'apiculteur ne produiront plus de miel.
L'auteur mettra en évidence toute une chaine de conséquence avec l'avidité du personnage princier et la belle ambition du boulanger d'améliorer sa condition.
La morale sera intéressante à hauteur d'enfants et on ne jugerait pas possible de pouvoir expliquer le capitalisme à des enfants ( appelons un chat un chat).
C'est un conte sur les excès (au risque de tout perdre), sur l'amitié, qui devrait insuffler la douce et vitale idée aux enfants de savoir profiter de la vie avec l'essentiel .

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