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Critique de clude_stas


« Si la France veut un grand peintre en ce début de XXIe siècle, c'est moi, ce n'est pas Buren. Il n'y a personne d'autre. » (lu dans le JOURNAL DES ARTS) Voilà les propos de Martial Raysse qui prétend surpasser Daniel Buren qui, me semble-t-il, ne se définit plus comme un peintre (bien qu'il bande encore, si je puis me permettre). Pourquoi ne pas plutôt se comparer à Gérard Garouste, lui aussi peintre figuratif, avec un réel univers intérieur ? J'ai tenté de trouver la réponse avec la lecture du numéro hors-série de Beaux-Arts magazine consacré à sa rétrospective (1960-2014). Dans mon souvenir, Martial Raysse est, en vrac, un artiste français incontournable pendant les années 60, un utilisateur de néons dans ses oeuvres, une prédilection pour les couleurs saturées, un assembleur d'objets tirés des supermarchés, une fascination pour les femmes, la publicité, la société consumériste et l'entropie. Et, également, un sujet régulier (souvent « Made in Japan », inspirée par « la Grande Odalisque » d'Ingres) pour une dissertation sur la modernité, voire pour le baccalauréat (philo, français ou artistique)…
Cette revue est fort agréable à feuilleter. Premièrement, elle permet de prendre conscience à quel point les oeuvres pop du Nouveau Réalisme ont nourri sa peinture actuelle. Il suffit de comparer « Life is so complex » (1966) et « Comment ça va, Irma ? » (2013) pour s'en rendre compte. Ensuite, elle ne néglige aucun aspect de cet univers bien singulier : assemblage, peinture, dessin, sculpture, photographie, film, installation. En 1964, Raysse peint « Suzanna, Suzanna », tiré du célèbre tableau du Tintoret, conservé à Vienne. Il prévoit une zone blanche, une sorte d'écran, propre à recevoir la projection d'un film Super 8. Et, soudain, apparaît la figure spectrale du regretté Arman, un de ses amis les plus fidèles. Et ainsi de suite, au fil des pages, je pense très souvent au Pop Art américain (Warhol, Rosenquist, Wesselmann) : il suffit de remplacer Campbell's par Génie sans bouillir, ou Brillo par Lux et nous nous retrouvons devant le même regard sur la société de consommation des Golden Sixties. Mais ce regard est également une critique non dépourvue d'humour : les néons sont omniprésents, toutes les images sont prépondérantes, le plastique à tous les étages …
Mais la réelle découverte (et de l'exposition, et de cette revue) réside en de grands tableaux (huile et liant acrylique sur toile). Raysse revient à la peinture en 1977. Et, comme celle de Garouste, elle est le lieu d'une énigme. Les deux artistes ont en commun un regard acéré sur notre monde anxiogène, mais leur technique est très, très différente. Là où Garouste se fait souple, Raysse propose un dessin plutôt raide, très hiératique, en fait. Là où Garouste se fait discret, Raysse, avec sa passion assumée pour le fluo, nous propose un monde clinquant, que certains, j'en suis sûr, qualifieraient de « vulgaire ».
Après un entretien avec Catherine Grenier, la commissaire de l'exposition, la biographie de Martial Raysse est évoquée en neuf dates, photographies à l'appui. Les autres chapitres nous exposent les différents médiums utilisés par l'artiste, puis ses points communs avec le Pop Art américain. Pour terminer, diverses oeuvres (dont trois installations cultes) sont commentées. Une bibliographie succincte se trouve en dernière page.
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