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Critique de steppe


Ainsi c'est en faisant référence à ce livre que Lincoln aurait dit parlant de l'auteur : " Une petite femme qui a commencé une grande guerre".
Bien sûr Harriet Beecher-Stowe n'a pas eu cette prétention (quoique...?) mais en replaçant son oeuvre dans l'époque, on peut comprendre qu'elle ait quelque peu "remué les consciences".

Passé le début de lecture un peu laborieux à cause d'un style ma foi assez pesant, quelques maladresses, entre autre le phrasé des esclaves qui m'a semblé peu approprié, trop ampoulé, peu conforme à la réalité mais je peux me tromper, j'ai fini une fois les 150 premières pages lues par me laisser emporter par ce récit édifiant.

L'auteur nous donne ici une large vision de ce qu'était l'esclavage et n'hésite pas à bousculer les 2 camps. Nord et Sud en prennent pour leur grade. Car Harriet Beecher-Stowe n'épargne personne et c'est sûrement l'une des premières qualités du livre.
Elle arrive à donner une vision globale de l'esclavage sans se limiter à une simple critique des états du sud. Elle met les Nordistes devant leurs contradictions et n'hésite pas à les condamner pour leur inertie face au problème, leur donnant ainsi une part de responsabilité.
En gros : "c'est facile de condamner, mais vous, que faites-vous pour lutter contre ? à part vos mines scandalisées ? ".

Et pour aller encore plus loin, elle fait un parrallèle entre l'asservissement des noirs au sud et l'exploitation des ouvriers au nord. L'industrialisation contre l'esclavage. le capitalisme contre la ruralité.
Elle met chacun devant ses contradictions et livre une critique sévère de la société américaine.

En plus de tout ça, elle nous livre des portraits très précis et attachants de personnages autant maîtres qu'esclaves. Elle s'attache aux détails, nous raconte des histoires personnelles et ainsi allège le discours moralisateur.
Chaque point de vue est étudié et condamné ou louangé.

Certains lui ont reproché un discours religieux trop pesant. Personnellement, je ne suis pas croyante. Pourtant, ça ne m'a pas gênée car j'ai replacé ce prêche dans son contexte, sans oublier que l'auteur était fille de pasteur si je ne me trompe pas, et épouse d'un ministre du culte. Et surtout que le message religieux ne prônait que tolérance et bonté.
Je n'y ai vu aucune forme d'intolérance.

Un mot sur Tom maintenant.
Ce Tom si malmené, si compatissant pourtant envers ses semblables.
Là aussi, j'ai lu ici ou là un certain agacement pour sa "passivité", sa résignation.
Ce n'est pas ce que j'ai vu en lui.
Certes, on le préfèrerait rebelle et révolté contre ses maîtres, et surtout on l'aimerait violent.
Mais il n'est rien de tout cela, et là encore une fois, on parle de religion.
Mais que l'on soit croyant ou non, pourquoi est-ce qu'on ne peut pas accepter qu'un homme grâce à sa foi en Dieu trouve en lui les ressources nécessaires pour supporter son calvaire.
Peu importe pourquoi, ni comment, si le fardeau s'en trouve allégé...
Tom a choisi le silence parfois et toujours la non-violence. Peu importe que ça soit au nom de Dieu ou au nom de l'Humanité. Gandhi aurait aimé ce Tom là.
Et je l'ai aimé, ai accepté ses choix et n'ai pas tant pleuré que ça face à son destin car j'ai vu son réconfort, cette foi inébranlable qui l'a porté jusqu'à une résistance passive certes mais si apaisante au fond...

Alors, au final, ce livre a-t-il vraiment joué un rôle dans le déclenchement de la guerre de céssesion ? Oui, par la prise de conscience qu'il a engendré.
Même si l'esclavage n'a été qu'un prétexte pour cette guerre plus liée au choc de deux cultures : industrie contre ruralité.

Il est le témoignage précieux d'une époque, le réquisitoire parfois maladroit
mais tellement nécessaire contre un pays partagé mais frileux dans ses choix.

Alors : " Une petite femme qui a commencé une grande guerre". ?
Il semble en tout cas que ce livre effectivement ait eu un impact réel sur certaines décisions politiques.
Une lecture importante et marquante.
Un réquisitoire malheureusement encore d'actualité....



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