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Critique de luCa


luCa
22 décembre 2009
Il faut s'appeler Frédéric Beigbeder pour s'attaquer à un thème si délicat et seulement deux ans après le drame, lorsque le traumatisme est encore si fort, dans la conscience collective. Les attentats du 11 Septembre 2001, sur le World Trade Center, ont marqué à jamais l'histoire du monde. Et tous ces gens, tous ces employés, voyant arriver l'avion, et souffrant ensuite pendant de longues minutes, enfermés dans les tours, qu'ont ils vécus ? “Le meilleur moyen de le savoir, c'est de l'inventer” proclame l'auteur. Pari osé, pari relevé haut la main. Nous suivons alors, minute par minute, le récit d'un américain, père de famille divorcé et papa gâteau, ayant, le matin même, cédé aux caprices de ses enfants. C'est ainsi qu'ils se retrouvent dans le “Windows on the World”, le restaurant situé au dernier étage de la tour Nord. Réflexions intimes du personnage, remémoration d'une vie douloureuse et passée, comme séparée du temps, mais juste pour se rappeler, qu'il existe; parole cathartique. On est face à ce personnage comme dans la peau d'un voyeur, assistant à une scène horrible. On aimerait s'en aller, en finir, mais plus on tourne les pages, plus on s'approche de l'issue fatale que l'on connaît si bien. C'est alors qu'apparaît, comme un nouveau souffle, la figure de l'auteur, sereine et lasse, client fervent de la tour Montparnasse, qui nous entraîne, lui aussi, dans ses pensées (toutes aussi pessimistes parfois, mais d'un autre genre). On partage ses quelques souvenirs d'enfance, on voit peu à peu le quartier brumeux s'animer, la voix de l'auteur nous guidant au travers du brouillard, avant de retourner dans le pénible brasier. Alternativement, on passe de l'un à l'autre, comme un cycle tourbillonnant, où l'on entre au fond des choses.

C'est un livre magnifique, des phrases fortes, comme transcendantes. Même les réflexions, que l'on peut qualifier de simples, sont intelligentes. On le lit d'un trait, d'une ligne, que l'on suspend entre les deux tours, celle de New-York et celle de Paris, et que l'on parcoure en courant, de peur que les flammes ne nous touchent. Mais c'est un fois lu, qu'elles nous atteignent et brillent encore devant nos yeux.
Lien : http://bookkingdom.wordpress..
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