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Critique de dvall


Avec « le temps des crocodiles », nous avions découvert la figure effroyable d'Albert Vandel, capitaine de l'armée française à la tête d'un bataillon de zéphirs faisant régner la terreur sur les terres d'Algérie aux prémices de la colonisation. Nous avions quitté cet ogre avide de sang, de stupre et de domination en bien fâcheuse posture face à la révolte des fellouzes, après avoir imposé son règne sur l'oasis aux cinquante mille palmiers. Avec « Moi, le Glorieux », nous retrouvons cet abominable personnage à l'âge canonique de cent quarante-cinq ans et au poids corporel non moins mirobolant. Retiré dans sa sublime villa des Eucalyptus, l'homme est devenu richissime, le plus prospère d'Algérie, dominant tous les secteurs du commerce et de l'industrie après avoir intrigué et manipulé dans les sphères du pouvoir pendant plus d'un siècle.

Mais les temps ont changé, la révolte gronde, les fellaghas tranchent les têtes et les couilles des colons français à tour de bras, incendient la ville d'Alger et font sauter des bombes. Toujours autant obnubilé par les ripailles pantagruéliques et les nuits de débauche sexuelle, celui que l'on surnomme Bobby caïd ou Bobby la baraka, se remémore sa gloire passée, radote au grand dam de sa jeune maîtresse kabyle Ouhria, « foutez-moi la paix, monsieur Albert, je dors ». Mais l'ogre conte les époques de sa gloire, les femmes innombrables, les richesses incalculables, les conquêtes impitoyables, remontant le temps avec une verve tout autant passionnée que révoltée, « ils ne m'auront pas ! », face aux soubresauts de cette Algérie qui cherche à se débarrasser de tous ceux qui l'ont montée, violée et spoliée. Alors Albert Vandel doit fuir au bordj Saint-Léon, dans sa forteresse défendue par cent légionnaires armés jusqu'aux dents, accompagné par une douzaine d'administrateurs à sa solde, tous centenaires et grabataires, reliques de la domination coloniale…

Récit empli de brutalité et de vulgarité, mais d'une force évocatrice poignante, « Moi, le Glorieux » se lit suspendu entre l'écoeurement et la fascination. C'est un monde qui chavire, et avec lui la figure symbolique d'une domination révolue.
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