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Critique de tilly


J'aurais dû me méfier, d'habitude quand j'entends :
- Il faut absolument que tout le monde lise ça !
je me dis chic, ça, je peux mettre de côté (pour ne pas lire !)... mais là je n'ai pas su résister à l'enthousiasme sincère et sympathique du prescripteur, ni à la couverture particulièrement réussie de l'ouvrage qu'il brandissait.

Or, c'est un essai 100% à charge dénonçant l'hégémonie de l'administration américaine sur le numérique, et un appel vibrant à une réaction urgente de la part des autorités françaises.

Le danger que j'ai ressenti à la lecture de cet avertissement dramatique n'est pourtant pas du tout celui contre lequel l'auteur lève son étendard. Moi, c'est le même que chaque fois qu'une thèse est avancée sans donner voix à des points de vue différents. Je ne trouve pas ça très honnête, ni très courageux. On ne lit quasiment rien dans la Souveraineté Numérique sur les bienfaits des nouvelles (plus si nouvelles) technologies. Rien sur Wikipedia, rien sur le partage des connaissances, sur le lien social qui se forme sur les "bons" réseaux, l'accélération des procédures administratives, etc., etc. Presque rien non plus sur les veilleurs que sont les experts qui mettent leur connaissances et leur temps au service de nos libertés en ligne.

C'est plus fort que moi, je me méfie quand je lis déjà dès les premières lignes :

“ D'initiative américaine, l'Internet est sous le contrôle américain. L'Internet est une extension virtuelle des Etats-Unis sous leur domination absolue : la loi régit le comportement dans le monde physique ; le code informatique, dans le monde virtuel, détermine l'existence même.”

“ Confrontée à la révolution de l'Internet, la France a renoncé à maîtriser son destin sur les réseaux informatiques. Notre pays a livré sa souveraineté numérique sans débat et sans combat. ”

Puis, plus loin :

“ L'Internet est une extension du système de renseignement américain. “

“ L'articulation entre l'armée, l'université et les intérêts privés est [plus haut] bien démontrée. Les conditions de cette suite de transitions furent gardées secrètes. ”

Surtout, j'ai eu l'impression personnelle — ce qui est troublant et sans doute fort disproportionné — que l'effort technologique non négligeable fait en France dans les années 70 à 90, et quelques, était occulté, voire nié. Je ne sais pas si Pierre Bellanger ignore vraiment l'histoire des TI de ces années là, ou si, la connaissant il fait exprès de n'en rien dire ce qui serait encore plus grave.

Que les stratégies développées en ces temps anciens pour promouvoir l'industrie de l'informatique et des réseaux en France n'aient pas été suivies des effets escomptés, je ne le conteste pas. Mais je refuse de croire que des leçons n'aient pas été tirées, que des réussites n'aient pas découlé de ces investissements, et d'énormes progrès en terme de modernité positive. Hors de nos frontières ? Outre atlantique ? Et alors...

Le Plan Réseau imaginé par Pierre Bellanger dans la dernière partie de son essai a quelque chose de donquichottesque, ramené au souvenir que certains ont encore du Plan Calcul. Je me suis tout de même demandé, vers la fin, si PB n'avait pas rédigé là une profession de foi personnelle dans l'espoir de sa nomination au Secrétariat à la Souveraineté Numérique d'un futur ministère de l'Industrie et des Réseaux (sic) ! Après tout... qui ne risque rien, n'a rien.

Faire de la cause numérique une question de salut public, je trouve ça : démodé, dérisoire et hors sujet, voilà.
Lien : http://tillybayardrichard.ty..
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