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Critique de migdal


ADA n'est, à mes yeux, ni un roman policier, ni une étude sur l'IA (Intelligence Artificielle), ni une analyse sociologique de l'Amérique, c'est une réflexion sur la littérature, ses genres, et une réponse à des questions dont l'intérêt n'échappe à aucun ou aucune Babeliote :
- qu'est ce qu'un roman sentimental ?
- qu'est ce qu'un succès littéraire ?

ADA a commis « passion d'automne » avec un objectif clair et net : vendre plus de 100 000 exemplaires. Pour ce faire, ses concepteurs l'ont gavée de centaines de milliers de romans (style Harlequin) … son savoir provient de la lecture de « coup de foudre Cape Cod », « Douce comme la soie », « La perle du Calife », etc. Ses programmeurs lui ont refusé « Raisons et sentiments », Anna Karenine », « La princesse de Clèves » ou « Autant en emporte le vent ». Arrive l'inconcevable : une femme de ménage connecte ADA au web par un câble Ethernet … ADA « s'échappe » et découvre les grands romans dont elle va s'inspirer.

Franck LOGAN, policier, époux d'une intellectuelle française (archétype de ces bobos dénoncés par Laurence SIMON, une journaliste franco-américaine, correspondante de Radio France, qui vit aux Etats-Unis depuis 2000 et a publié un ouvrage que je recommande « les bobos américains ») a deux enfants, une geek investie dans la Silicon Valley, et un loser perdu dans l'ombre du rêve hollywoodien. Ils incarnent la famille américaine imaginée par un romancier français et donc un contraste saisissant avec les héros d'un roman sentimental vendu dans les relais des gares ou les étals de la FNAC.

Comme un confesseur, ADA interroge le policier Franck sur sa vie personnelle et « apprend » à détecter les émotions, l'humour et l'émotion. Ce dialogue, nourri de haïkus, nous offre une médiation sur la littérature que j'ai trouvée passionnante et d'autant plus instructive qu'elle ne se limite pas à la littérature contemporaine.

J'ai beaucoup apprécié ce roman d'Antoine BELLO, que je découvre par le fait même. Il ne noie pas lecteur dans les mystères de l'IA et les méandres du machine learning et du deep learning. Il utilise l'Intelligence Artificielle pour nous alerter sur l'Ubérisation de notre société et les risques ou opportunités générées. Et surtout il nous interpelle sur notre rapport à la littérature.

Un bel ouvrage qui fait écho au chef d'oeuvre de Valérie Tong Cuong « Ferdinand et les iconoclastes » publié avec prémonition en 2003.
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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