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04 janvier 2013
Contre l'insécurité, la souveraineté alimentaire

L'auteur part d'un constat, « la hausse brutale des prix alimentaires » qu'il qualifie de tempête. Tempête, non naturelle, mais créée par les politiques de la Banque mondiale (BM) et du Fonds monétaire international (FMI) : « les programmes d'ajustement structurel imposés par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) aux pays en développement, qui ont gravement réduit le soutien public à l'agriculture et fait baisser la production agricole ; les subventions massives qui détournent des cultures alimentaires de vastes superficies de terres céréalières, en particulier aux États-Unis, pour les orienter vers la production de matières premières pour les biocarburants ; la spéculation des marchés financiers sur les denrées ; enfin, la résistance croissante des insectes aux pesticides et le refus des sols à réagir à l'intensification de l'usage des engrais ».

Walden Bello souligne de plus « Dans ces conditions, il est pratiquement sûr que les catastrophes climatiques vont se multiplier dans les prochaines décennies et provoquer des crises alimentaires plus nombreuses et encore plus graves ».

L'auteur analyse l'éviction de l'agriculture paysanne par l'agriculture capitaliste. Ce processus a commencé en Angleterre au XVIIIe siècle avec la politique des « enclosures ». Comme le souligne Walden Bello, il s'agit de processus violents, en Angleterre, dans les colonies, dans les plantations. L'auteur analyse aussi les politiques de l'aide alimentaire, des subventions à l'achat de semences, d'engrais ou de pesticides. Un saut qualitatif est fait avec les politiques d'ajustements structurels, et le développement du génie génétique. Des analyses précises et inscrites dans l'histoire.

Les chapitres les plus intéressants sont consacrés au Mexique devenu importateur de maïs, aux Philippines et à la crise du riz, ou à la destruction de l'agriculture africaine « A l'époque de la décolonisation des années 1960, l'Afrique était, en matière agricole, non seulement autosuffisante mais exportatrice nette : de 1966 à 1970, elle a exporté en moyenne 1,3 million de tonnes de produits alimentaires par an. Aujourd'hui, le continent importe 25% de son alimentation, et ses pays sont pratiquement tous des importateurs nets de denrées ».

Un chapitre est consacré à la Chine et au développement de la crise agraire.

L'auteur traite aussi des agrocarburants, tant du point de vue des énergies que de l'insécurité alimentaire, « la désastreuse reconversion des terres-pour-l'alimentation en terres-pour-les-carburants ».

Walden Bello termine son ouvrage sur les résistances et des pistes pour l'avenir, en soulignant la place de Via Campesina dans les mobilisations et les élaborations.

Un livre très abordable sur les politiques capitalistes d'insécurité alimentaire, de famines et de catastrophes à venir. Un livre qui souligne les politiques criminelles du FMI et de la Banque mondiale.

Pour appuyer ces analyses, il n'est cependant pas nécessaire de faire référence aux détestables théorisations de Malthus, de parler de « l'effondrement de l'économie mondiale » ou de « la démondialisation accélérée de la production ». Rien ne sert non plus d'essentialiser « la nature » qui ne saurait « se venger », ni « trouver des moyens moins plaisants de rétablir l'équilibre entre elle et nous ».

Reste aussi à discuter de ce que l'auteur nomme les prélèvements sur la production paysanne pour le développement de l'industrie et des services collectifs, de la place des femmes dans l'agriculture paysanne souhaitée et plus généralement des formes de démocratie permettant aux citoyen-ne-s d'élaborer les modes d'organisation de la société, les formes de gestion et d'autogestion des activités.
Lien : http://entreleslignesentrele..
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