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Critique de gerardmuller


L'enfant de sable/Tahar Ben Jelloun
En deux jours j'ai lu ce récit magnifique dans lequel la souffrance le dispute à la détresse d'un être dédoublé, prisonnier de son image.
Dans un langage imagé, parabolique puis hyperbolique, le conteur qu'est Tahar Ben Jelloun fait merveille en faisant alterner le journal intime d'Ahmed , sa confession en somme, et le récit du conteur lui même . Cette confession nous confie les peines et les tourments d'Ahmed qui officiellement est heureux de vivre homme quoi qu'étant femme.
« Ma nudité est mon privilège sublime. Je suis le seul à la contempler. Je suis le seul à la maudire. »
Ahmed va connaître la solitude physique et morale au cours de ses pérégrinations. « Vous savez bien que ma patrie n'est pas un pays et encore moins une famille. C'est un regard, un visage, une rencontre, une longue nuit de silence et de tendresse. »
L'auteur se livre entre autres à une critique impitoyable de la société musulmane qui dénie tout droit à la femme.
« Dans ce pays une femme seule est destinée à tous les refus…Une femme seule célibataire ou divorcée, une fille-mère, est un être exposé à tous les rejets… La violence de mon pays est aussi dans ces yeux fermés, dans ces regards détournés, dans ces silences fait plus de résignation que d'indifférence. »
Peu à peu le récit va prendre une tournure plus dramatique quand Ahmed va être taraudé par des pulsions sexuelles tardives, après la mort de Fatima.
Dans un style souvent poétique, Tahar Ben Jelloun nous embarque dans un nouveau conte des « Mille et une Nuits », histoire qui restera toutefois inachevée. Car cette histoire devenue légende, mythe, est revue et corrigée par différents conteurs, chacun excellant à vouloir nous offrir la vérité, sa vérité. Objectivité, passion partisane, tous ces ingrédients sont au rendez-vous de cette oeuvre prenante de Tahar Ben Jelloun.
Malgré ces éloges, je suis un peu d'accord avec le commentaire de Christelle : la fin n'offre pas la même intensité que le début dans cette méditation sur l'identité.
Je vais découvrir la suite dans « La Nuit Sacrée ».
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