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Critique de Annabelle19


Rouge Eden suit deux histoires en parallèle, qui n'ont, au premier abord, absolument aucun lien. La première se passe dans le couloir de la mort en 1991 : Will Birdy, un terrible tueur en série, attend le moment de son exécution. Dans la seconde, on se trouve propulsé dans la Russie soviétique de 1933 et on suit le destin de Timofey, professeur de physique arrêté par erreur et déporté.

Les deux histoires sont dures, toutes deux montrent ce que l'homme possède de pire en lui. de manière individuelle avec Will Birdy, un monstre moderne dont on voudrait croire qu'il est unique en son genre par sa cruauté. de manière collective et organisée avec les crimes perpétrés par la Russie de Staline.

Birdy nous raconte ses méfaits après-coup, alors qu'il est dans une cellule et sur le point d'être exécuté. Inspiré du tueur en série Ted Bundy, le personnage raconte sa vie à un prêtre venu écouter sa confession mais qui, à la place, va entendre les raisons profondes qui ont poussé Will Birdy à commettre ces meurtres, les visions qui l'ont hanté toute sa vie ainsi que ses considérations philosophiques au sujet de l'âme et de la vie après la mort.
Avec Timofey, on est dans le feu de l'action, et c'est d'autant plus perturbant. Car c'est une vraie descente aux enfers que va vivre cet homme qui, jusqu'ici, menait une vie parfaitement ordinaire avec sa femme et son fils. Emprisonné à tort, il connaîtra des jours de torture, sera affamé et assoiffé, épuisé. Timofey va subir les pires dégradations, être rabaissé au plus bas et traité comme un animal qu'on mène à l'abattoir. Cette spirale semble ne devoir jamais finir et l'on est écoeuré devant toutes les horreurs auxquelles il doit assister. Tout cela est d'autant plus bouleversant que l'on sait que des événements similaires ont vraiment eu lieu à cette époque-là.
Le récit nous montre aussi les déboires de la femme de Timofey et de leur fils. Natalia et Nikolai sont en effet très vite recherchés eux aussi, et la jeune femme doit choisir entre quitter son pays pour protéger son fils ou rester et tenter de se battre pour sauver son mari. S'il réside un espoir, c'est en cette femme et surtout en son fils, symbole d'un futur peut-être meilleur. Si Timofey, emprisonné, ne rencontre que des tentatives ratées de rébellion ou de résistance à l'oppression, Natalia, elle, fera des rencontre plus positives. Encore faut-il savoir si quiconque peut réellement effacer entièrement les expériences violentes et traumatisantes qu'il aura vécu.

Si je devais résumer ce livre en une émotion, j'emploierais le mot perturbant, parce que c'est bien ce qu'il fut pour moi. Surtout pour ce qu'il est de l'histoire de Timofey, véritablement glaçante par son inéluctabilité. On découvre jusqu'où l'humanité peut aller, lorsqu'on donne à certains tout pouvoir pour avilir les autres. La manière dont l'homme s'adapte et jusqu'à quel niveau de sauvagerie il peut retourner, aussi.
Le roman interroge aussi beaucoup sur des questions scientifiques et religieuses, sur les notions de destin, écrit ou non, et de la persistance de l'âme.
J'ai cherché, pendant tout le livre, quel pourrait être le lien entre Will Birdy et Timofey, parce qu'il y en aurait forcément un. le mystère est résolu à la toute fin et c'est si simple que je n'y avait même pas pensé. La vérité tombe comme une révélation, au sujet de la manière dont l'humanité se construit siècle après siècle, génération après génération, et des bases, instables et parfois explosives, sur lesquelles les hommes et les femmes d'aujourd'hui reposent.
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