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Critique de gill


gill
16 septembre 2016
Ce livre est présenté par son auteur comme le roman d'une aventure.
Il s'annonce plutôt comme un livre de parti pris, presque comme un règlement de compte.
C'est en tout cas le livre d'un homme blessé, déçu et meurtri.
Si tenté qu'il était de l'écrire, René Benjamin y avoue s'être demandé si le jeu en valait la chandelle.
"La beauté des lettres est de redresser les torts et de s'indigner contre les injustices" nous dit-il.
Mais de quels torts et de quelles injustices s'agit-il ?
En 1915, René Benjamin obtient le prix de l'Académie Goncourt.
En 1938, il y est élu.
A la libération, l'Académie ne le soutient pas lorsqu'il est inquiété pour avoir été un "écrivain pro-allemand".
En 1948, elle lui fait un procès ...
"La Galère des Goncourt" est un livre trouble qui pourtant s'éclaire parfois de magnifiques envolées où apparaissent notamment La Varende, Élémir Bourge et Rosny aîné.
C'est un livre de portraits.
Certains sont esquissés avec soin, d'autres sont réalisés au vitriol.
On y croise Lucien Descaves, Jules Renard, Courteline, Raoul Ponchon et quelques autres.
Un certain Lerouge, qui se prénomme certainement Gustave, y est fugitivement qualifié de "vibrion littéraire".
Tous passent sous la toise tendue pour une impitoyable mesure.
Leur talent est soupesé, souvent raillé et contesté.
René Benjamin ne semble pas croire en la littérature.
Il avoue ici d'ailleurs peu lire et ne pas connaître les oeuvres des membres de l'Académie qui l'ont accueilli en son sein.
Il préfère "regarder, écouter et ensuite dormir" !
"Il n'y a pas un bon livre tous les ans" nous dit-il.
Et ajoute : "Goncourt a été ingénu" ...
Sacha Guitry, est-ce un hasard, a préfacé "La galère des Goncourt".
Il a lui-aussi eu sa part d'inquiétude à la libération.
Car il serait naïf de ne pas croire que ce livre est aussi politique.
Les amis de René Benjamin, les écrivains qui comptent pour lui se rangent le plus souvent dans le clan des conservateurs, de la droite parfois la plus dure.
L'ouvrage s'embourbe, durant quelques chapitres, dans une longue apologie de Léon Daudet et dans le récit un peu flou de son célèbre procès.
Le propos de René Benjamin est dur. Il est souvent cruel.
C'est celui d'un homme aigri, blessé qui, ayant trempé sa plume dans la haine, se dresse face à l'Académie Goncourt.
Au final, il ressort que "la galère des Goncourt" est un livre sombre et fielleux.
Et Je lui préfère "L'académie Goncourt en dix couverts", le lumineux ouvrage de Georges Ravon ...


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