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Critique de steka


steka
27 février 2020
Il est difficile d'imaginer ce que put être l'île d'Ibiza en ces années 30 du siècle précédent . Avant que le tourisme, la gentrification, la spéculation immobilière, anéantissent ce qu'était alors ce petit havre de pureté et de simplicité méditerranéen où il faisait si bon vivre et se ressourcer. Fort heureusement, nous disposons d'assez remarquables témoignages sur ce temps là. Outre ces « récits » de Walter Benjamin, on s'intéressera prioritairement au passage en ces lieux, pratiquement à la même époque, de son compatriote Raoul Hausmann qui en a laissé un ensemble de très belles photos ainsi qu'un roman ( Hylé – État de rêve en Espagne ) où l'on trouve de nombreuses descriptions de ses paysages, de son architecture d'origine et de ses habitants.
Peu d'auteurs ont su concilier aussi étroitement intellectualité et sensibilité que Walter Benjamin qui put ainsi être tout à la fois philosophe, conteur, ainsi qu'un remarquable critique pour ceux qui ont lu ses ouvrages sur Baudelaire ou Proust, pour ne citer que ceux-là. Sa curiosité du monde qui l'entourait, et il voyait loin, était sans limite et l'on ne peut être qu'étonné, en parcourant son oeuvre, par la diversité de ses approches, alliée à la profondeur de ses réflexions.
Benjamin disposait également d'une admirable capacité d'émerveillement dont l'on retrouvera une illustration dans les textes éparts qui composent ce petit livre. C'est comme s'il avait cherché, ici comme en de nombreux autres textes, à élaborer une sorte de catalogue de ses pensées et intuitions diverses dans un but ultérieur. Et l'on ne peut que s'affliger de sa tragique disparition en 1940, il n'avait que 48 ans, alors qu'il tentait de fuir les nazis. L'éclectisme de Benjamin n'avait rien de superficiel et correspondait à un désir de se saisir du champ de compréhension le plus large possible en relation avec sa grande humanité. On ne peut donc qu'imaginer, rêver peut-être, l'oeuvre ultérieure qui aurait été la sienne s'il avait vécu. Et se consoler en se plongeant dans les nombreuses éditions de ses multiples écrits qui tentent, chacune à leur manière, de restituer le portrait de cet homme capable, à lui tout seul, de nous redonner confiance en cette humanité qui est la nôtre à travers toutes ses tragédies.
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