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Critique de Verteflamme


Défi Non fiction 2024
Benveniste écrit un classique, ou plutôt devrais je dire un classique divisé en/se déclinant en deux tomes, construits avec les mêmes grandes thématiques (ex. langage et culture) mais plusieurs "chapitres" indépendants, des variations musicales en quelque sorte, que j'ai trouvé très réussies. (j'ai un niveau Licence/Master 1 en linguistique). Les fans de linguistiques et ceux qui veulent découvrir sérieusement, je ne peux que vous conseiller ce livre.
Il est d'abord question de la linguistique en tant que science, de son évolution. Mention est faite de grands linguistes, contemporains de Benveniste et anciens, comme Panini (dans l'Antiquité, grammairien indien du Sanskrit, qui a recours à une méthode d'observation et non à de grandes considérations philosophiques, ce qui en fait un scientifique de la langue).

Il est aussi question de temps et d'opposition temporelle, (tense, pas time !) dans la langue, ainsi que des structures de la société. La célèbre analyse des personnes de Benveniste, qui voit une opposition entre je/tu (les personnes de l'énonciation) et il (qui est exclu de l'énonciation) apparaît aussi. Il est une non personne ! Et puis, vous verrez pourquoi dire que la langue est le "reflet" de la société, scientifiquement parlant, est une simplification voire un cliché. Toujours dans ces questions de structure, Benveniste va faire de la morphologie, en s'intéressant au suffixe "eur", ex. "il va le faire, il est travailleur" vs "les droits des travailleurs". (Je suis biaisée car la morphologie est mon domaine de prédilection).

Et puis, les auxiliaires, les noms composés (ex. blue-eyed) et les néologismes (et pourquoi otarie = aux oreilles apparentes, et non aux petites oreilles, non mais ho, c'est fondamental - je me moque, mais j'ai beaucoup apprécié cette démonstration qui nous exhorte à la rigueur en matière d'étymologie).

Enfin, des aspects moins formels et plus culturels, comme la genèse du terme "scientifique", et, mon chapitre préféré et le dernier du livre, le terme "citoyen".
Voyez plutôt : en latin, le mot citoyen, c'est cives, et le mot cité, civitas, dérive de cives (dérivation en morhologie). En grec, c'est le polites (citoyen) qui dérive de la polis (cité) ! Nos langues comme le français reprennent ce modèle grec. L'analyse formelle est vraiment pas mal, c'est un jeu intellectuel que de se demander qui dérive de quoi, et il y a du politique dedans.
En conclusion, comme le livre va en profondeur, je le conseille aux passionnés uniquement (néophytes ou linguistes), mais c'est un véritable terrain de jeu intellectuel, assez généraliste mais qui sait rentrer dans les détails.
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