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Critique de helione


C'est peu de dire que La carte postale d'Anne Berest m'a mise mal à l'aise.
Le livre commence par une carte postale anonyme envoyée en 2003 à la mère de la narratrice et dont cette dernière se souvient en 2016, hantée par la recherche de ses origines avant la naissance prochaine d'un enfant.
La carte postale porte quatre noms sacrés, ceux des membres de la famille disparus en
camp de concentration.
Ce procédé de la carte postale, de la photo de famille, de la lettre retrouvée, fréquemment utilisé dans les ateliers d'écriture est trop artificiel pour être utilisé dans un livre qui prétend à la quête de la vérité.
Certaines phrases ne sont pas possibles « le fantôme de la statue, le portrait en pied de Joseph Nicéphore Niepce semble flotter dans l'air à la recherche de son socle ».
Même si l'écriture est assez fluide, l'autrice prend son lecteur par la main et lui décrit tout ce qu'elle pense savoir de la vie de ses ancêtres, y compris dans leur arrivée au camp.
Jacques a pris son shampoing Petrole Hahn lorsqu'il a été raflé, Myriam garde ses cinq culottes sur elle pendant sa cavale, etc.
Anne Berest sait même ce qu'éprouve sa mère à
l'état de foetus « « elle goûte sur ses lèvres le goût acide de la bile que le corps fabrique quand il a peur »
Même lorsqu'elle est conviée à un repas, scène racontée à la première personne, elle sait

ce que pense les invités « Tu vas voir ce que tu vas voir , pensa Deborah ».
Le chapitre consacré à la fumerie d'opium dans laquelle se perd son grand-père Vicente Picabia est la limite de l'indécence. Et je ne parle pas des passages relatifs aux camps d'extermination ou au retour des prisonniers à l'Hôtel Lutetia dans lequel Anne Berest se met même à la place des déportés.
Ceci ne serait pas gênant si Anne Berest avait écrit une pure fiction. le problème est qu'elle s'est emparée de la vie de personnes qui ont existé et que, sous le prétexte qu'ils sont sa famille, elle parle, pense,
bouge à leur place jusqu'au moindre détail, y compris dans les chambres à gaz.
De même, la fin du livre c'est à dire la révélation de qui est l'auteur de la carte est tellement téléphonée qu'on ne peut y croire.
La conclusion de cet ouvrage qui n'est ni un essai ni un roman est en outre un défi orgueilleux au lecteur.
Qui osera critiquer ce que j'écris, moi qui suis fille et petite-fille de
survivant.
En conclusion, je ne conseille pas la lecture de ce livre, malgré les critiques élogieuses dont
il fait déjà l'objet.
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